Le rassemblement organisé par Maurice Kamto le 31 mai à Paris continue de susciter une vive réaction du pouvoir camerounais. Le meeting, tenu sur la place de la République devant des milliers de sympathisants, a été qualifié de « minable » par plusieurs membres du gouvernement, dont Grégoire Owona, ministre du Travail et cadre du RDPC, le parti au pouvoir. Une attaque directe visant autant la mobilisation que les propos tenus par le leader du MRC.
Sur ses réseaux sociaux, Grégoire Owona a ironisé sur l’écart entre les ambitions affichées par les organisateurs et la réalité du terrain. « Même pas 5 000 personnes », selon ses mots, pour un événement qui promettait une démonstration de force. Il a également tourné en dérision l’engagement exprimé par Maurice Kamto de garantir la sécurité de Paul Biya et de sa famille en cas d’alternance : « De quelle protection ont-ils besoin ? », a-t-il lancé, insinuant que cette promesse était sans fondement. Le ministre Jean de Dieu Momo est allé plus loin en qualifiant cette déclaration de « puérile et ridicule ».

Ces réactions interviennent alors que la campagne électorale se profile à l’horizon d’octobre 2025. Dans ce contexte, l’opposition camerounaise dénonce régulièrement un climat hostile à l’exercice de ses activités. Interdictions récurrentes de rassemblements, pression sécuritaire et verrouillage des médias : autant de contraintes qui poussent les figures de l’opposition à chercher d’autres espaces d’expression, y compris à l’étranger.
Maurice Kamto, candidat déclaré à la prochaine présidentielle, tente de consolider sa visibilité à l’international, en particulier auprès de la diaspora, en contournant les restrictions imposées sur le sol camerounais. Mais cette stratégie semble irriter le régime de Yaoundé, qui y voit une tentative de légitimation extérieure à laquelle il oppose une contre-narrative tournée en dérision. La virulence des critiques laisse entrevoir une campagne qui pourrait être marquée par la polarisation et les attaques ad hominem.

Malgré les attaques, Maurice Kamto bénéficie de soutiens, notamment de la part de ceux qui rappellent l’impossibilité pour l’opposition de mener librement ses activités dans le pays. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont défendu la tenue de ce meeting à Paris comme une alternative nécessaire face aux multiples interdictions d’événements politiques au Cameroun. Un argument qui met en lumière l’asymétrie de traitement entre les partis en lice.
Ce débat autour d’un meeting parisien révèle en creux les tensions profondes qui traversent la scène politique camerounaise. Il illustre aussi les limites du pluralisme dans un système où l’opposition peine à exister autrement que sous les coups de boutoir du pouvoir. Alors que le scrutin approche, cette joute verbale n’est sans doute qu’un avant-goût de la campagne à venir — une campagne que beaucoup redoutent aussi verrouillée que les précédentes.