À deux jours de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle camerounaise, l’opposant Issa Tchiroma Bakary a lancé un appel à la mobilisation pacifique. Vendredi 24 octobre 2025, il a exhorté ses partisans à descendre dans les rues ce dimanche 26 octobre pour manifester « dans la dignité et la discipline », alors que la tension monte dans le pays depuis le scrutin contesté du 12 octobre.
Dans un discours empreint de défi et d’appel au calme, le candidat de l’Union pour le Changement a invité les Camerounais à rester « unis, dignes et déterminés ». Tchiroma a insisté sur la force collective du peuple et sur sa conviction que « l’avenir du Cameroun appartient à ses enfants ». Ce message intervient alors que des rassemblements pro-Tchiroma se multiplient dans plusieurs villes du pays, parfois spontanés, traduisant un climat de mobilisation intense au sein de son camp.
Le scrutin du 12 octobre demeure marqué par une profonde contestation. Les deux principaux candidats, Paul Biya et Issa Tchiroma, revendiquent chacun la victoire, dans un climat d’incertitude alimenté par l’absence de chiffres officiels clairs. Selon des sources proches du pouvoir, des négociations auraient été évoquées, notamment une proposition de poste de Premier ministre à Tchiroma, que ce dernier aurait rejetée, dénonçant une « manœuvre politique ».
Jeudi, le leader de l’opposition affirmait être visé par des « menaces » et alertait sur un possible assaut contre sa résidence. « Tout ça pour Tchiroma ? » écrivait-il dans un message virulent, accusant le gouvernement de vouloir « faire taire la voix du peuple ». Ses partisans, craignant une arrestation imminente, se sont rassemblés devant son domicile pour former une chaîne humaine. La situation demeure tendue, les forces de sécurité ayant été déployées dans plusieurs quartiers de Yaoundé et Garoua.
Face à la montée des tensions, le gouvernement a appelé la population à « garder son calme et à demeurer confiante dans les institutions républicaines ». Dans un communiqué, le ministère de la Communication a dénoncé « des actes de provocation et de désordre », tout en réaffirmant la volonté du pouvoir de préserver la paix et la stabilité du pays. Le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs le lundi 27 octobre, une étape décisive pour la suite du processus électoral.
Alors que les appels à la modération se multiplient, la marche annoncée de dimanche apparaît comme un test pour la capacité du camp Tchiroma à maintenir la mobilisation sans basculer dans la confrontation. Les prochains jours s’annoncent cruciaux pour le Cameroun, partagé entre l’espoir d’un apaisement et la crainte d’une nouvelle crise politique.



