Au Cameroun, 39 membres du MRC étaient jugés ce jeudi par la Cour d’appel de Yaoundé. Ces militants du parti d’opposition avaient été arrêtés en 2019 et 2020 durant diverses manifestations et avaient été condamnés à des peines de plusieurs années de prison par un tribunal militaire. Ce jeudi, la Cour a décidé de retenir seulement quatre dossiers, les autres ont été rejetés.
Malgré la pression des Nations-Unies, les juges ont choisi la fermeté. Cette semaine, l’ONU avait qualifié d’« arbitraires » les longues détentions préventives des militants MRC, et d’« illégales » leurs condamnations par un tribunal militaire alors qu’ils sont tous civils. Les Nations-Unies avaient exigé leur « libération immédiate » et des « indemnisations ». Mais la Cour d’appel a finalement rejeté 35 des 39 recours.
Tous les autres ont été rejetés, comme celui de Pascal Zamboué, coordinateur national du MRC. D’autres figures connues telles que le trésorier du parti, Alain Fogué, et le porte-parole du mouvement, Olivier Bibou Nissac, tous deux condamnés pour « révolution », « rébellion » et « attroupement » en première instance. De plus, la plupart d’entre eux ont en plus été condamnés à payer les frais de justice qui atteignent parfois 800 000 francs CFA.
« Ces opposants sont des prisonniers politiques »
Dans les quatre dossiers retenus par la justice, on retrouve notamment celui de Mispa Awasum, présidente des femmes du parti. Elle a été arrêtée il y a deux ans après une manifestation de femmes défilants seins nus. Une « tentative d’insurrection et atteinte à la pudeur », avait réagi le pouvoir à l’époque. Elle avait écopé de sept ans d’incarcération. Mais son appel a été accepté et la procédure va se poursuivre.
Dans tous les cas, Me Hippolyte Meli ne compte pas en rester là. L’avocat qui défend les opposants considère qu’il s’agit de décisions « politiques », dans une affaire pleine « d’imbroglio et d’incohérence ». Il pointe des vices de procédure, avec des juges qui finalement « consolident des actes falsifiés et confirment que ces opposants sont des prisonniers politiques », selon lui. Me Meli va donc présenter un recours devant la Cour Suprême, mais aussi devant le juge des Habeas Corpus, pour dénoncer l’illégalité des détentions et des condamnations.
« Les juges ont poursuivi leur logique de répression et de négation du droit international. Le droit de manifestation pacifique doit être intégré dans les pratiques camerounaises et être respecté par les autorités policières », insiste l’avocat.
Les accusés ont en tout cas 7 à 10 jours pour faire appel.
Source: RFI