Par RFI
Au Cameroun, il y a 64 ans, le leader indépendantiste Ruben Um Nyobe mourrait dans le maquis, abattu par l’armée française. Une page sombre de l’histoire commune de la France et du Cameroun, celle de la guerre menée contre les militants de l’UPC et leurs sympathisants, avant l’indépendance proclamée en 1960.
13 septembre 1958, Ruben Um Nyobe est âgé de 45 ans. Il survit, depuis un peu plus de trois ans, caché entre Yaoundé et Douala en pays bassa, dans les environs de son village natal de Boumnyébel.
Figure charismatique et populaire de la lutte contre le système colonial, secrétaire général de l’UPC, il fait l’objet d’une « traque » acharnée de l’armée française. Sur la base de renseignements obtenus auprès de « pisteurs » qui collaborent avec les autorités françaises, Ruben Um Nyobe finit par être localisé en début d’après-midi ce 13 septembre 1958, en même temps que plusieurs de ses proches, dont sa femme et son jeune enfant qui, eux, parviendront à s’enfuir.
Qui l’auteur du coup mortel ?
Ruben Um Nyob, lui, meurt, touché dans le dos, alors qu’il n’était pas armé. Son corps sera ensuite profané, trainé dans une natte par un véhicule et exposé à la population.
Il existe toujours plusieurs interprétations sur l’auteur du coup mortel. Est-ce un tirailleur d’origine tchadienne ou un sergent-chef de la compagnie qui a tué Ruben Um Nyobe ?
D’importants travaux ont déjà été menés à partir des archives de l’armée française, des archives nationales de Yaoundé et d’entretiens avec d’anciens maquisards.
Mais selon l’historienne Karine Ramondy, il reste encore beaucoup de témoignages à collecter, retranscrire et conserver, d’archives à étudier, sur la période coloniale et au tournant des indépendances, qui n’ont pas été jusqu’à ce jour rendus accessibles aux chercheurs.
Il y a également des archives privées qui mériteraient d’être connues de tous, comme celles du lieutenant-colonel Lamberton, à l’époque chef des opérations militaires françaises.
Il faut que le gouvernement français prenne sur lui d’accepter une repentance et qu’on discute après des réparations.