Le festival culturel Nguon, emblématique du peuple bamoun, a franchi une étape majeure en décembre 2023 avec son inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. Cette reconnaissance internationale suscite un regain d’intérêt pour l’événement, comme l’a démontré la forte affluence de l’édition de cette année, achevée récemment à Foumban, son lieu d’accueil.
Selon Alassa Fouapon, historien et spécialiste des faits culturels, cette inscription pourrait transformer Foumban et le département du Noun en destinations touristiques incontournables. Il souligne que l’enthousiasme autour du Nguon dépasse le cadre des célébrations biennales : « Il est crucial de mettre en place un mécanisme d’attraction des touristes tout au long de l’année, sans attendre les prochaines éditions ni l’intervention de l’Unesco », précise-t-il.
Le processus d’inscription du Nguon à l’Unesco a été lancé en novembre 2020 sous l’impulsion du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, décédé en 2021. Ce dossier, soutenu par le Cameroun et les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), visait à corriger la faible représentation de cette région dans le patrimoine culturel immatériel. Jusqu’alors, seule la danse des pygmées figurait sur cette prestigieuse liste.
L’Unesco elle-même reconnaît que l’inscription au patrimoine culturel immatériel peut devenir un moteur d’attractivité touristique pour un territoire. Les exemples mondiaux montrent une augmentation notable du nombre de visiteurs dans les sites récemment inscrits. À Foumban, la Fondation Nguon compte capitaliser sur cette aubaine en structurant des projets durables, comme l’a démontré le colloque scientifique du 4 décembre dernier.
Pour pérenniser cet élan, Foumban doit aller au-delà des festivités ponctuelles. Des initiatives concrètes sont attendues, telles que la mise en valeur des sites culturels et historiques, des circuits touristiques thématiques, et la création d’infrastructures adaptées. En travaillant sur ces axes, la ville pourrait devenir un pôle majeur du tourisme culturel en Afrique centrale.
Enfin, l’inscription du Nguon est aussi un appel à préserver cet héritage culturel unique. Le défi sera de concilier afflux touristique et respect des traditions. La Fondation Nguon, avec le soutien des autorités locales et des partenaires régionaux, devra jouer un rôle clé pour garantir que cette reconnaissance internationale profite durablement aux communautés locales, tout en valorisant leur identité culturelle.