Le procès des 17 accusés dans le meurtre de l’animateur radio Martinez Zogo, qui secoue le Cameroun depuis plus de deux ans, reste suspendu à une nouvelle décision judiciaire. Le 20 mars 2025, la Cour d’appel du Centre a une nouvelle fois reporté l’examen des demandes en suspens, mettant le dossier à l’arrêt pour au moins quatre semaines supplémentaires. Ce retard est dû à une requête de récusation déposée par deux avocats, soulignant des questions d’impartialité concernant deux magistrats de la Cour d’appel.
Les avocats des parties en présence, Maître Claude Assira et Maître Calvin Job, ont demandé le remplacement des juges concernés, estimant que leur impartialité était compromise. Assira représente les services de renseignements camerounais (DGRE), tandis que Job défend une partie de la famille de la victime. Cette démarche est perçue comme une mesure nécessaire pour garantir l’équité du procès. Cependant, elle prolonge encore l’attente pour les victimes et les familles, en particulier face aux tensions politiques et sociales autour de cette affaire.
Depuis la découverte du corps de Martinez Zogo en janvier 2023, le procès a été constamment retardé, avec des débats juridiques qui semblent se concentrer davantage sur des questions procédurales que sur le fond du dossier. La mort de Zogo, figure emblématique du journalisme d’investigation au Cameroun, a choqué l’opinion publique. Les accusations de corruption et d’abus de pouvoir qui pèsent sur plusieurs des accusés ont accentué les pressions sur le système judiciaire. Les délais prolongés alimentent les interrogations sur l’indépendance du système judiciaire dans ce dossier sensible.
Ce nouveau retard suscite des réactions contrastées parmi les avocats impliqués. Pour Maître Seri Simplice Zokou, défenseur d’un des accusés, cette demande de récusation est un « procédé dilatoire » destiné à prolonger la détention de son client, Léopold Maxime Eko Eko, ancien patron des services de renseignements. À l’inverse, pour Maître Assira, cette démarche est un mal nécessaire dans un dossier qu’il qualifie de « vérolé ». Il pointe du doigt des irrégularités dans la procédure, mettant en question la sincérité de certains acteurs judiciaires.
Le procès de Martinez Zogo pourrait encore être retardé en fonction de la décision de la présidente de la Cour d’appel, qui devra rendre son verdict sur la récusation des juges d’ici le 17 avril. Si la décision est favorable, les débats pourront reprendre, mais d’autres complications ne sont pas exclues. Dans ce contexte, l’opinion publique demeure suspendue aux résultats judiciaires, espérant une issue qui fasse justice à la mémoire de l’animateur et qui réponde aux attentes de la société camerounaise.
Les tensions autour de ce procès mettent en lumière les défis auxquels le système judiciaire camerounais est confronté dans les affaires sensibles. Certains observateurs estiment que les retards et les manoeuvres procédurales servent à faire pression sur l’opinion publique et à protéger les individus influents impliqués. Au-delà de l’affaire Zogo, ce procès soulève des questions fondamentales sur l’indépendance de la justice dans un pays où les interférences politiques et économiques restent fréquentes.