À quelques mois de la prochaine élection présidentielle au Cameroun, Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), accuse le pouvoir en place de tenter de l’empêcher de se présenter. Dans une déclaration du 19 mars 2025, il dénonce ce qu’il qualifie de « complot politico-judiciaire » visant à disqualifier sa candidature. Kamto réaffirme que sa candidature est légitime et exhorte ses partisans à se tenir prêts à toute éventualité.
Maurice Kamto va plus loin en désignant le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, comme l’instigateur de cette manœuvre. Selon lui, ce dernier se serait attribué des pouvoirs au sein de l’organe en charge des élections, Élécam, et du Conseil constitutionnel, pour décider de qui pourrait ou non être candidat à la présidentielle. L’opposant met en garde contre des conséquences graves si ce processus illégal venait à se concrétiser.
Le climat politique au Cameroun est marqué par une forte tension entre l’opposition et le régime du président Paul Biya, en place depuis plus de 40 ans. Maurice Kamto, qui a déjà contesté les résultats de la présidentielle de 2018 où il estimait avoir été écarté injustement, devient une figure emblématique de l’opposition. En 2018, son parti, le MRC, avait dénoncé des irrégularités massives dans le processus électoral. Cette nouvelle crise autour de sa candidature n’est que le dernier épisode d’une lutte qui dure depuis des années.
À l’approche de l’élection présidentielle, les tensions semblent s’intensifier. L’accusation de complot portée par Kamto pourrait non seulement polarisé davantage l’opinion publique, mais aussi ouvrir la voie à des manifestations et à des contestations. Le gouvernement devra probablement prendre des mesures pour éviter toute explosion de violence, notamment dans un contexte où plusieurs mouvements sociaux et politiques exigent des réformes profondes du système électoral.
La riposte au discours de Maurice Kamto a été menée par Jean de Dieu Momo, ministre délégué auprès du ministre de la Justice, et ancien membre du MRC. Ce dernier a vigoureusement contesté les accusations de Kamto, arguant que seules deux possibilités légales s’offraient à l’opposant : se présenter comme candidat indépendant ou en tant que candidat d’un autre parti disposant d’élus. Jean de Dieu Momo conclut que la démarche de Kamto s’apparente à une tentative d’insurrection populaire, un appel à renverser le pouvoir par la rue, selon lui.
Ce différend entre l’opposition et le gouvernement dépasse le simple cadre juridique et électoral. Il met en lumière un défi politique majeur pour le régime de Paul Biya, notamment à la veille d’une élection cruciale. Les accusations de Maurice Kamto de manipulation électorale résonnent dans un pays où l’opposition a souvent dénoncé des fraudes électorales et des tentatives d’intimidation. Alors que l’élection approche, chaque mouvement, chaque déclaration risque de renforcer ou d’apaiser les tensions. Les mois à venir s’annoncent décisifs pour l’avenir politique du pays.