Par RFI
La journée des travailleurs intervient cette année dans un contexte marqué par l’émergence sur l’espace public de nouveaux acteurs dans le champ des revendications sociales. En l’occurrence le mouvement OTS.
Le sigle a fait irruption sur la scène publique camerounaise en février dernier. OTS, pour « On a Trop Supporté » ou « On a Trop Souffert ». Il est à l’initiative des enseignants du secondaire, mobilisés comme jamais pour exiger l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Le chapelet de revendications est adressé à l’endroit de l’administration. L’énoncé de ces problèmes ne présente rien de nouveau en soi : plusieurs syndicats d’enseignants forment ces doléances depuis plus d’une décennie. Mais là où les syndicats ont rarement obtenu gain de cause, OTS va en quelques semaines de mobilisation réussir non seulement à fortement les enseignements dans les lycées et collèges mais aussi à faire plier le gouvernement sur plusieurs points.
La recette de ce succès tient à peu de choses : une communication tous azimuts notamment sur les réseaux sociaux avec la mise en évidence de cas flagrants d’injustices subies par certains enseignants. Des noms et des visages sont présentés. Certains ont dix ans voire quinze ans d’impayés à la fonction publique. Le mal ainsi exposé, l’adhésion de l’opinion est acquise.
La réussite d’OTS tient aussi à son mode de fonctionnement. Le mouvement n’a pas de leader connu. Aucune figure qui déborde et s’impose à tous. OTS pense ainsi se mettre à l’abri des pressions et des tentatives de corruption que pourrait subir un leader établi. Fort de ces succès, le mouvement OTS a commencer à se dupliquer dans d’autres corps socio-professionnels. Un OTS santé est née à la suite de celui des enseignants. D’autres sont annoncés dont celui des politiques. Ainsi, en à peine trois mois, OTS est devenu le nouveau mode des revendications sociales au Cameroun. En lieu et place des syndicats traditionnels obligés de se réinventer.
La Fête du travail cette année n’aura pas le faste habituel au Cameroun. Les parades traditionnelles des travailleurs ont été annulées par le gouvernement, en raison de la recrudescence dans le pays des cas de contamination au Covid-19.