Le 8 janvier 2025, le ministre camerounais de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a rencontré Monseigneur José Avelino Bettencourt, nonce apostolique et représentant du Vatican. Une initiative visant à désamorcer les tensions croissantes provoquées par les récentes critiques de figures de l’Église catholique locale à l’encontre du gouvernement, notamment autour d’une éventuelle candidature de Paul Biya à la présidentielle prévue en octobre 2025. Officiellement, le gouvernement affirme qu’il n’existe “aucun conflit entre l’État et les confessions religieuses.”
Cette rencontre intervient après des déclarations critiques d’archevêques et d’évêques sur la situation sociopolitique du pays. Alors que le Cameroun se prépare à une échéance électorale majeure, ces voix ecclésiastiques dénoncent à la fois les conditions de vie des Camerounais et les velléités du président Paul Biya, âgé de 92 ans, de briguer un huitième mandat. La réaction du gouvernement, par le biais de communiqués et de rencontres diplomatiques, vise à éviter un bras de fer avec une institution influente dans le pays.
L’Église catholique occupe une place centrale dans la vie publique au Cameroun, tant par son influence spirituelle que par son engagement dans les questions sociales. Depuis plusieurs décennies, elle s’érige en observateur critique des politiques publiques. Cependant, le climat actuel laisse présager une possible fracture entre le pouvoir en place et cette institution. Les déclarations critiques des membres du clergé, relayées notamment lors des célébrations de fin d’année, témoignent de la montée d’un malaise général dans le pays.
Le gouvernement, par la voix de Paul Atanga Nji et René-Emmanuel Sadi, semble vouloir éteindre rapidement la polémique en soulignant les “excellentes relations” entre Yaoundé et le Vatican. Cependant, l’attente d’une déclaration des évêques, prévue le 11 janvier à l’issue de leur 48ᵉ séminaire à Buea, suscite de nombreuses interrogations. Ce rendez-vous pourrait soit renforcer les critiques de l’Église, soit ouvrir une voie vers une médiation.
Les récentes déclarations de figures comme l’archevêque de Douala, qualifiant d’irréaliste une nouvelle candidature de Paul Biya, ou celles plus provocantes de l’évêque de Yagoua, reflètent une frustration palpable. Ces propos ont suscité une réaction immédiate des partisans du régime, à l’image du ministre du Travail Grégoire Owona, appelant à la sérénité face aux critiques.
À mesure que la date de la présidentielle approche, le rôle de l’Église en tant qu’acteur clé du débat public pourrait s’intensifier. Le pouvoir, soucieux d’éviter toute forme de contestation populaire, devra jongler entre apaisement et fermeté. La déclaration attendue des évêques pourrait ainsi cristalliser les tensions ou amorcer un dialogue constructif.