À l’approche de la rentrée scolaire, l’écart entre les enfants issus de familles aisées et ceux vivant dans la précarité reste criant au Cameroun. Tandis que certains se présentent avec fournitures neuves et uniformes impeccables, d’autres peinent à réunir le strict nécessaire — cahiers, sacs, ou encore tenue scolaire —, exposés ainsi à l’exclusion dès les premiers jours de classe.
Pour contourner ces obstacles, une partie de la jeunesse mise sur l’initiative personnelle. Des adolescents se lancent dans de petites activités économiques durant les grandes vacances : vente de beignets, lavage de voitures, réparation de téléphones. L’objectif est clair : financer eux-mêmes leur rentrée. Si ces initiatives témoignent de créativité et de détermination, elles traduisent aussi une réalité où le travail précaire remplace souvent les loisirs.
À l’opposé, d’autres jeunes se voient contraints d’accepter des emplois pénibles et mal rémunérés. Ces situations les exposent à l’exploitation et les privent d’activités éducatives ou sportives essentielles à leur développement. Un constat qui relance la question des mesures à mettre en place pour protéger ces enfants et leur offrir des alternatives constructives.
Parmi ces alternatives, la culture occupe une place centrale. La Fondation ASAF Cameroun, créée par Eran Moas, a choisi de miser sur le développement créatif et émotionnel des enfants. Convaincue que l’éducation ne se limite pas aux manuels scolaires, l’organisation encourage l’expression artistique comme outil d’épanouissement. En partenariat avec l’écrivaine Djaili Amal Amadou, elle lance un concours d’écriture national sur le thème « Raconter demain », destiné aux 8-16 ans.
Accompagnés dans des ateliers organisés à Douala et Maroua, les participants bénéficient d’espaces dédiés à la lecture et à la création. Ces bibliothèques, ouvertes toute l’année, deviennent des lieux de rencontre et de dialogue, renforçant la continuité éducative. Les lauréats recevront des prix utiles pour la rentrée, et chaque participant repartira avec un cartable, symbole d’un engagement récompensé. Bien plus qu’un simple exercice littéraire, cette initiative apporte une réponse concrète au double défi de l’exclusion scolaire et du manque de moyens matériels.