Sous les mandats de Justin Trudeau, le Canada a connu une transformation radicale de sa politique migratoire. Dès 2015, le Premier ministre a engagé le pays dans une augmentation spectaculaire des seuils d’immigration permanente, atteignant un objectif record de 500 000 admissions par an pour 2025. Une vision qui s’inscrivait dans une volonté affichée de compenser le vieillissement de la population, bien que les bénéfices réels de cette politique aient été largement débattus.
Face aux défis économiques, notamment après la pandémie, le gouvernement Trudeau a considérablement assoupli les règles d’entrée pour les travailleurs temporaires et les étudiants internationaux. Résultat : leur nombre a triplé en trois ans, passant de 1,3 million en 2021 à 3 millions en 2024. Si ces mesures ont aidé à combler les pénuries de main-d’œuvre, elles ont aussi mis à rude épreuve les infrastructures et les services d’accueil, alimentant des critiques sur le manque de planification.
La politique migratoire du Canada sous Trudeau a souvent oscillé entre générosité affichée et gestion improvisée. Le tweet de 2017 dans lequel il appelait les réfugiés du monde entier à venir au Canada a provoqué une augmentation des demandes d’asile, particulièrement via le chemin Roxham. Toutefois, malgré la fermeture de ce passage en 2023, le pays comptait encore 159 000 demandes d’asile en novembre 2024, révélant une saturation des infrastructures dans des villes comme Montréal et Toronto.
En 2024, face à une pression croissante et à des critiques de plus en plus vives, le gouvernement fédéral a annoncé un ajustement des cibles migratoires. Ottawa a revu ses objectifs à la baisse, limitant les admissions permanentes à 395 000 pour 2025, tout en introduisant des mesures visant à réduire la proportion de migrants temporaires à 5 % de la population. Cette décision a marqué un virage dans une politique jusqu’alors caractérisée par son ambition.
L’immigration est devenue un sujet de division politique majeur au Canada. Tandis que François Legault, Premier ministre du Québec, dénonçait un manque de concertation et pointait les défis linguistiques, le chef de l’opposition fédérale, Pierre Poilievre, qualifiait la gestion Trudeau d’« incontrôlée ». Ces tensions reflètent un mécontentement croissant parmi les Canadiens, notamment en raison de la pression sur le logement et les services publics.
Enfin, les défis administratifs ont aggravé la perception d’un manque de contrôle. En 2022, 2,6 millions de demandes d’immigration attendaient encore d’être traitées. Ces retards ont laissé des familles séparées et des travailleurs dans des situations précaires. Pour de nombreux experts, comme Jean-Pierre Corbeil, le bilan migratoire du gouvernement Trudeau reste marqué par une absence de planification et une incapacité à anticiper les impacts de décisions pourtant ambitieuses.