Au cours de sa 16e session ordinaire, tenue à Douala, la capitale économique du Cameroun, le 14 avril 2022, le Comité de pilotage des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac) a exhorté les États membres et les entreprises publiques de cet espace communautaire (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA, Guinée équatoriale), à rapatrier les fonds publics détenus à l’étranger. Selon le Pref-Cemac, ce rapatriement contribuera à la reconstitution des réserves de change et à soutenir le financement des économies nationales.
Dans la mesure où cette requête avait déjà été formulée au sortir de la session du Comité de pilotage du Pref-Cemac tenu à Douala en décembre 2021, cette nouvelle interpellation peut laisser penser à une certaine réticence à se plier à cette exigence pourtant édictée par la nouvelle réglementation de change.
L’on se souvient que dans un rapport publié en 2020, le Fonds monétaire international (FMI) s’était déjà inquiété du volume de fonds détenus à l’étranger par les pays de la Cemac et leurs ressortissants. « Certains signes laissent penser que d’importants dépôts sont effectués à l’étranger par des résidents de la Cemac, ce qui n’est probablement pas tout à fait conforme à sa réglementation des changes. Celle-ci exige que les fonds détenus par des résidents de la Cemac dans des banques étrangères soient d’un montant limité et puissent être justifiés, par exemple, par le financement d’importations anticipées ou le service de la dette à court terme », avait constaté l’institution de Bretton Woods.
Compte tenu de l’importance des revenus issus du pétrole dans les recettes de nombreux pays de la zone Cemac, dont cinq sur six sont producteurs de l’or noir, il n’est pas exclu qu’une partie de ces fonds déposés dans des banques étrangères soit en rapport avec le produit non enregistré des exportations pétrolières, analyse le FMI.
Pour rappel, selon les données fournies par la Banque des règlements internationaux (BRI), le volume des avoirs globaux des résidents de la Cemac dans des banques étrangères à fin 2017 est estimé à environ 5 milliards de dollars (près de 2 900 milliards de FCFA). Ce volume de fonds est pratiquement le double du budget d’investissement public (BIP) de l’État du Cameroun pour l’année 2022.
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