À l’approche de l’élection présidentielle du 28 décembre en Centrafrique, un conseiller en sécurité du président Faustin-Archange Touadéra a fait état d’un projet de coup d’État militaire. Des combattants non affiliés aux principales coalitions rebelles auraient contacté des diplomates ukrainiens pour leur demander des instructeurs, des armes, des munitions et un financement.
Selon les déclarations du conseiller Dmitri Podolski aux médias russes, ces individus envisageaient spécifiquement de renverser le pouvoir en prévision du scrutin. Parallèlement, des instructeurs russes et l’armée centrafricaine ont annoncé avoir démantelé un point de transit d’armes à la frontière avec le Soudan du Sud, où 10 000 cartouches, des grenades et des mitrailleuses ont été saisies. Le conseiller présidentiel affirme que des preuves impliquant des trafiquants originaires d’Ukraine, de Pologne et d’Ouganda figuraient parmi les équipements saisis.
Ces allégations surviennent dans un contexte électoral tendu. Le président Touadéra, au pouvoir depuis 2016, brigue un troisième mandat après une réforme constitutionnelle controversée qui a levé la limite des mandats. Le pays, l’un des plus pauvres au monde, tente de se relever d’une guerre civile sanglante (2013-2018) et d’une offensive rebelle sur Bangui en 2020. Bien que des accords de paix aient été signés avec plusieurs groupes armés, la paix reste fragile et la prolifération des armes un défi majeur.
La réaction officielle de l’Ukraine à ces sollicitations alléguées n’est pas connue. Le conseiller russe à l’origine de ces informations estime que Kiev pourrait s’intéresser à cette proposition et mobiliser des ressources auprès de ses alliés occidentaux. Ces allégations s’inscrivent dans un récit géopolitique plus large, où Moscou accuse régulièrement Kiev de déstabiliser l’Afrique, affirmant que les services spéciaux ukrainiens utiliseraient la couverture diplomatique pour fournir du matériel militaire et des instructeurs à des groupes en Afrique.
L’organisation du scrutin lui-même est sujette à des inquiétudes. Human Rights Watch a pointé des risques d’irrégularités, des barrières à la participation de l’opposition et un manque de préparation de l’Autorité nationale des élections, notamment en zone rurale. Dans ce climat, les autorités centrafricaines et la MINUSCA multiplient les opérations de désarmement pour tenter d’assurer un climat apaisé. La crédibilité et l’inclusivité de ce vote, présenté comme crucial pour l’avenir du pays, sont donc mises à l’épreuve sur plusieurs fronts.



