Ce dimanche 30 mars, le Mouvement Cœurs Unis (MCU), parti au pouvoir en Centrafrique, a organisé un rassemblement à Bangui pour célébrer le neuvième anniversaire de l’accession de Faustin-Archange Touadéra à la présidence. Cependant, ce rassemblement a été largement marqué par un appel en faveur d’un troisième mandat pour le chef de l’État, permis par la révision constitutionnelle du 30 août 2023. En présence de près de 20 000 personnes, les partisans ont exprimé leur soutien à l’idée d’un prolongement du mandat présidentiel, déjà en cours depuis 2016.
Les partisans du président Touadéra, vêtus des couleurs du MCU, ont multiplié les déclarations en faveur d’une prolongation de son mandat. Les discours, qui ont ponctué la journée, se sont concentrés sur les réalisations de l’actuel président, notamment dans les domaines de la sécurité et des infrastructures. Plusieurs soutiens ont souligné les progrès réalisés sous son gouvernement, notamment la mise en place d’une armée nationale forte de plus de 24 000 soldats, un accomplissement majeur après les années de crise et de violences qui ont déstabilisé le pays. Les appelants ont exprimé leur souhait de voir ces chantiers se poursuivre au-delà de 2023.
L’appel à un troisième mandat s’inscrit dans un contexte de tensions politiques croissantes. En août 2023, la révision de la Constitution centrafricaine a permis d’ouvrir la voie à un troisième mandat pour Faustin-Archange Touadéra, un point qui divise profondément la société. Tandis que ses partisans applaudissent cette possibilité, l’opposition, représentée par le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), y voit une dérive autoritaire et un danger pour la démocratie. Cette révision survient après plusieurs années marquées par la guerre civile et une gouvernance contestée, exacerbant les craintes des opposants qui dénoncent une manipulation des institutions en faveur du pouvoir en place.
À l’issue de la cérémonie, Faustin-Archange Touadéra a choisi de ne pas se prononcer immédiatement sur la question d’un troisième mandat. Tout en remerciant ses soutiens, il a affirmé que la priorité était de poursuivre son mandat actuel. « Au moment venu, j’aviserai », a-t-il indiqué, laissant ainsi planer le suspense quant à ses intentions futures. Ce silence pourrait nourrir encore davantage les spéculations et polémiques sur ses ambitions politiques pour 2025, alors que la question d’un troisième mandat reste au cœur du débat national.
L’opposition centrafricaine n’a pas tardé à réagir à cet appel. Le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), regroupant plusieurs figures de l’opposition, a d’ores et déjà annoncé une marche contre un troisième mandat, prévue pour le 4 avril à Bangui. Ces manifestations visent à rappeler aux autorités le respect des principes démocratiques et la nécessité de limiter la durée des mandats présidentiels. Face à une population polarisée, l’issue de cette bataille politique pourrait avoir des implications majeures pour l’avenir politique du pays.
Les témoignages recueillis lors de ce rassemblement témoignent de la diversité des opinions au sein de la population centrafricaine. Tandis que certains soutiennent fervemment un troisième mandat, évoquant les progrès réalisés en matière de paix et de développement, d’autres soulignent que la prolongation du pouvoir pourrait constituer un frein à la réconciliation nationale. Les enjeux sont considérables pour la Centrafrique, et l’avenir du pays semble désormais dépendre de la manière dont se règleront ces tensions autour du futur politique de Faustin-Archange Touadéra.