En République centrafricaine, la période de dépôt des candidatures pour les élections générales du 28 décembre a officiellement débuté le 2 octobre. Le président Faustin-Archange Touadéra a été le premier à soumettre son dossier à l’Autorité nationale des élections (ANE), devenant ainsi le candidat n°1 pour la présidentielle. Une foule de partisans l’a accompagné, marquant symboliquement le coup d’envoi de cette séquence électorale cruciale.
Après avoir déposé son dossier, Touadéra a affirmé sa confiance dans la mobilisation de ses soutiens, assurant que l’issue appartiendra aux électeurs. Si aucun autre prétendant à la magistrature suprême n’a encore formalisé sa candidature ce jour-là, de nombreux dossiers ont été déposés pour les élections locales et législatives. Ces scrutins parallèles, longtemps reportés, attirent une nouvelle génération de candidats, notamment dans les communes.
L’un des faits marquants de ce cycle électoral reste l’organisation des élections municipales, absentes du paysage politique centrafricain depuis près de quarante ans. Pour des candidats comme Thierry Perol Yamo, cette échéance constitue une occasion inédite de renforcer la participation citoyenne, en particulier celle des jeunes. L’enjeu est d’autant plus important que la gouvernance locale reste un maillon faible de la vie politique nationale.
Alors que plusieurs candidats indépendants se lancent dans la bataille, la principale plateforme d’opposition, le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), maintient son boycott. Le mouvement dénonce les dysfonctionnements de l’ANE, l’absence d’affichage des listes électorales et des violations du code électoral. Estimant que les conditions d’un scrutin crédible ne sont pas réunies, il a suspendu sa participation, tout en laissant la porte ouverte à un dialogue correctif.
Le retrait du BRDC fragilise la légitimité du processus, alors même que la communauté internationale insiste sur la tenue d’élections inclusives. Pour Touadéra et le Mouvement cœurs unis (MCU), le pari est clair: transformer l’avantage de la candidature précoce en dynamique électorale. Mais l’absence de certains acteurs majeurs, si elle perdure, pourrait réduire la compétitivité et raviver les tensions postélectorales.
Au-delà de la présidentielle, l’organisation simultanée des législatives et des municipales constitue une étape décisive pour la vie institutionnelle du pays. Elle peut ouvrir une nouvelle ère de participation, notamment pour les jeunes générations. Mais l’ombre des boycotts, des irrégularités et de la méfiance vis-à-vis de l’ANE rappelle que la RCA reste confrontée à une équation complexe: comment restaurer la confiance dans les urnes après des décennies d’instabilité politique.