Le président américain Donald Trump accueille cette semaine cinq chefs d’État africains – ceux du Sénégal, du Liberia, du Gabon, de la Mauritanie et de la Guinée-Bissau – pour un sommet de trois jours à Washington. Ce mini-sommet inédit, centré sur un « dialogue de haut niveau » et un « déjeuner de travail », vise à renforcer les relations économiques et sécuritaires entre les États-Unis et une poignée de pays africains riches en ressources stratégiques.
L’événement, qui s’étale du 9 au 11 juillet, marque la première grande initiative africaine du président Trump depuis son retour sur la scène internationale. Le choix des cinq pays conviés n’est pas anodin : tous sont côtiers, politiquement stables pour le moment, et surtout dotés de sous-sols riches en minerais stratégiques tels que le manganèse, l’uranium ou le fer. Washington entend nouer des partenariats commerciaux mais aussi sécuritaires, notamment pour lutter contre la piraterie dans le golfe de Guinée. En contrepartie, les dirigeants africains attendent des avancées concrètes, notamment en matière de coopération économique et de levée de certaines restrictions migratoires.
Cette démarche s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu. Les États-Unis cherchent à regagner du terrain face à la Chine et à la Russie, qui multiplient les investissements et les partenariats militaires sur le continent. Pour Washington, l’Afrique redevient un enjeu stratégique. Côté africain, les priorités varient selon les pays. Le Sénégal, par exemple, espère obtenir un soutien fort sur la question de sa dette, qui atteint des niveaux alarmants. Le président Bassirou Diomaye Faye souhaite convaincre Donald Trump d’intervenir auprès du FMI afin de débloquer un prêt de 1,8 milliard de dollars suspendu depuis plus d’un an.
La logique de ce sommet s’inscrit dans une diplomatie très « trumpienne » : directe, transactionnelle et centrée sur des intérêts bien identifiés. Pour les pays invités, l’opportunité est réelle mais les contreparties potentielles ne sont pas anodines. Washington pourrait exiger une coopération renforcée sur les flux migratoires ou une plus grande ouverture aux entreprises américaines dans les secteurs extractifs. De leur côté, les chefs d’État africains tenteront de maximiser leurs gains politiques et économiques à court terme, sans compromettre leur souveraineté ou leurs alliances régionales.
Outre la question de la dette, Dakar s’inquiète du durcissement des politiques migratoires américaines. Selon le Département de la Sécurité intérieure, plus de 20 000 Sénégalais ont été arrêtés à la frontière entre le Mexique et les États-Unis en seulement six mois. Le pays figure désormais parmi les 25 nations africaines menacées par une nouvelle interdiction de voyager sur le sol américain. Un sujet hautement sensible, étant donné l’importance de la diaspora sénégalaise aux États-Unis, dont les transferts de fonds dépassent l’aide publique au développement.