À l’ouverture de la Conférence des Nations unies sur l’Océan, ce 10 juin à Nice, les États africains ont réaffirmé l’urgence de restaurer les fonds marins et de garantir un accès équitable aux ressources maritimes. Représentant le continent, le président burundais Évariste Ndayishimiye a souligné la nécessité d’un engagement mondial autour de l’objectif « 30×30 », censé protéger 30 % des zones marines d’ici à 2030.
Le rôle essentiel de l’océan dans la régulation du climat et la subsistance des communautés côtières africaines a été rappelé à plusieurs reprises, notamment par Emmanuel Macron et le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako. Ce dernier, dans un discours empreint de poésie et de colère, a mis en lumière la détresse des populations littorales. Le président français a quant à lui insisté sur la nécessité de lutter contre la pêche illégale, un fléau particulièrement destructeur pour les pays africains aux capacités de surveillance réduites.
Le continent africain, avec ses 47 000 kilomètres de côtes et ses 39 États littoraux, est particulièrement exposé aux effets du réchauffement climatique : érosion, montée des eaux, perte de biodiversité, insécurité alimentaire. L’Afrique de l’Ouest figure parmi les régions les plus touchées. À cela s’ajoute une dépendance forte à la pêche artisanale, souvent menacée par des pratiques industrielles non régulées et des accords de pêche opaques avec des acteurs extérieurs.

Les États africains ont profité de la tribune onusienne pour réclamer un accès renforcé aux technologies marines et à la coopération scientifique. Évariste Ndayishimiye a rappelé que la réussite des engagements internationaux dépendait d’une réelle solidarité, notamment en matière de financement. Or, l’objectif de développement durable des Nations unies consacré à l’océan reste l’un des moins financés. L’Afrique demande aussi que les pays enclavés, comme le Burundi, aient un droit équitable à l’usage des ressources océaniques.
Le plaidoyer africain s’inscrit dans un mouvement plus large visant à corriger les déséquilibres historiques dans la gestion des biens communs mondiaux. L’OMC a récemment conclu un accord sur la pêche visant à limiter les subventions dommageables, salué par les délégations africaines. Mais la mise en œuvre reste floue. L’enjeu pour le continent est désormais de transformer les promesses diplomatiques en mécanismes concrets, contraignants et inclusifs.
Le ton grave d’Abderrahmane Sissako, dont les mots ont été repris par le président français, a rappelé que l’enjeu n’est pas uniquement écologique ou économique : il est aussi moral. L’Afrique, dont les populations côtières subissent sans en être responsables les effets d’un désordre mondial, demande à ne plus être reléguée au rôle de spectatrice dans les grands débats planétaires. Le futur des océans se joue aussi à Dakar, Bissau, Cotonou ou Moroni.