Robert Bourgi, dernier témoin de la Françafrique, dévoile dans ses mémoires, “Ils savent que je sais tout”, comment les chefs d’État africains ont secrètement financé la droite française pendant plusieurs décennies. L’homme raconte avoir assisté à l’arrivée de millions d’euros en cash à l’Élysée sous Jacques Chirac, un témoignage qui fait l’effet d’une bombe dans les milieux politiques.
Au fil de ses mémoires coécrits avec Frédéric Lejeal, Bourgi révèle les dessous de ces pratiques occultes, citant des montants astronomiques transportés en valises, ainsi que les goûts de certains leaders français pour les cadeaux exotiques. Il décrit un système bien huilé où des sommes considérables parvenaient discrètement au RPR puis à l’Élysée, sous l’œil complice de hauts dignitaires africains. Les révélations incluent également des anecdotes personnelles sur des figures politiques françaises, telles que Dominique de Villepin, surnommé “Mamadou” par Omar Bongo, et François Fillon, éclaboussé par un scandale sur des costumes de luxe.
La Françafrique, ce réseau d’influences néo-colonial entre la France et ses anciennes colonies africaines, a longtemps été un sujet tabou. Héritier de Jacques Foccart, l’architecte de ce système, Bourgi a été un acteur clé de ces relations, servant de lien entre Paris et les présidents africains. Ces pratiques ont permis de maintenir des régimes en place tout en assurant des avantages pour les élites françaises. Pendant plus de trente ans, Bourgi a côtoyé les puissants de l’Afrique francophone, agissant en tant que conseiller spécial et émissaire secret.
Alors que les pratiques dénoncées par Bourgi semblent appartenir à une époque révolue, elles rappellent combien les relations entre la France et l’Afrique ont été marquées par des enjeux financiers troubles. La législation sur le financement des partis politiques, renforcée par le Parlement à la fin des années 1990, visait justement à mettre fin à ces dérives. Cependant, ces révélations pourraient alimenter les débats actuels sur la transparence et l’éthique en politique, soulignant la nécessité d’une rupture totale avec les méthodes du passé.
Robert Bourgi, franco-libanais né au Sénégal, est bien plus qu’un simple témoin. Proche des chefs d’État tels que Omar Bongo, Mobutu Sese Seko et Félix Houphouët-Boigny, il a joué un rôle central dans la mise en place et le maintien de ces réseaux d’influence. Ses relations privilégiées avec les présidents africains lui ont permis de devenir une figure incontournable de la Françafrique, un univers où l’argent et le pouvoir se mêlent sans scrupule.
Les mémoires de Bourgi apportent un éclairage nouveau sur l’histoire récente des relations franco-africaines, mais elles soulèvent également des questions sur la responsabilité des dirigeants actuels. Tandis que les liens de la France avec l’Afrique continuent d’évoluer, le témoignage de Bourgi rappelle l’importance de tirer des leçons du passé pour construire une relation plus équilibrée et transparente à l’avenir.