La société canadienne GoviEx Uranium a engagé une procédure d’arbitrage contre le Niger après la révocation de son permis d’exploitation pour le projet Madaouela, dans le nord du pays. Cette décision intervient dans un contexte où la junte militaire cherche à renforcer son contrôle sur les ressources stratégiques du pays.
Depuis le retrait de son permis en juillet 2024, GoviEx a tenté en vain de résoudre le différend à l’amiable. L’entreprise a adressé une requête administrative au président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le général Tiani, mais n’a obtenu aucune réponse. La société dénonce une décision arbitraire, affirmant qu’elle viole les accords conclus en vertu de la convention minière et des cadres législatifs nigériens.
Le projet Madaouela, situé près d’Arlit, représente un investissement majeur de 343 millions de dollars et aurait permis la création de 800 emplois sur une durée de 20 ans. Ce retrait s’inscrit dans une stratégie plus large du gouvernement militaire, qui cherche à renforcer la souveraineté nationale sur les ressources minières, dans un contexte de tensions croissantes avec les investisseurs étrangers.
Pour défendre ses intérêts, GoviEx a saisi le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), une institution affiliée à la Banque mondiale. La société réclame une compensation financière ou la restitution de son permis, mettant en avant l’impact financier de cette décision sur ses investissements.
GoviEx souligne que la récente hausse des prix de l’uranium a renforcé la rentabilité du projet Madaouela, rendant cette décision de retrait d’autant plus préjudiciable. Cette augmentation des prix reflète une demande mondiale accrue pour ce minerai stratégique, essentiel à la production d’énergie nucléaire.
Le différend avec GoviEx pourrait affecter la perception des investisseurs étrangers quant à la stabilité juridique et économique du Niger. Alors que le pays cherche à valoriser ses ressources naturelles, cette affaire met en lumière les défis de concilier souveraineté économique et attractivité pour les investissements étrangers.