Le Soudan a officiellement déposé une plainte contre le Tchad devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, accusant ce dernier de soutenir les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire responsable de nombreux crimes au Soudan, tels que des viols, des crimes de guerre et des déplacements forcés de populations civiles. La plainte a été déposée le 1er novembre 2024.
Selon un communiqué publié le 2 novembre sur la page officielle du gouvernement soudanais, Khartoum accuse directement le gouvernement tchadien de fournir une aide logistique et militaire aux FSR. Le Soudan affirme détenir des preuves solides de cette implication. Un comité juridique soudanais a été chargé de préparer cette plainte afin de poursuivre les alliés étrangers des FSR devant des instances internationales.
Le conflit entre les FSR et l’armée soudanaise dure depuis plus d’un an et demi, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. Le Soudan accuse le Tchad de soutenir secrètement les FSR tout en prétendant être un médiateur dans le conflit. La plainte a été déposée au siège de la Commission africaine des droits de l’homme, situé à Banjul, en Gambie, et est perçue comme un nouveau développement dans les tensions croissantes entre les deux pays voisins.
Pour le Soudan, cette plainte est aussi un moyen de faire connaître la situation au niveau international et d’obtenir un soutien pour lutter contre l’ingérence présumée du Tchad. Le ministère soudanais de la Justice espère que cette action poussera la communauté internationale à condamner l’aide du Tchad aux FSR et à exiger une enquête indépendante. L’objectif est de mettre la pression sur le Tchad pour qu’il cesse tout soutien aux FSR.
De son côté, le Tchad rejette totalement ces accusations. Le gouvernement tchadien insiste sur le fait qu’il n’intervient au Soudan que comme médiateur pour ramener la paix. Cette position a été réaffirmée après que Khartoum a accusé le Tchad d’avoir utilisé des camions d’aide humanitaire pour transporter des armes à destination des FSR. Le représentant du Soudan aux Nations Unies a déclaré que les camions venus du Tchad ne transportaient pas seulement de l’aide humanitaire, mais aussi des armes sophistiquées pour les FSR.
Ce conflit entre le Soudan et le Tchad risque de compliquer davantage les efforts de paix en cours. La question reste de savoir si la Commission africaine pourra trouver une solution qui satisfera les deux parties et ramènera la stabilité dans la région. La plainte déposée par Khartoum pourrait être le point de départ d’une nouvelle tentative de diplomatie, mais elle pourrait aussi raviver les tensions et aggraver la guerre par procuration que se livrent les acteurs régionaux.