Le 3 mai, l’Association pour le respect du droit des populations autochtones, du développement durable et du droit de l’homme (ARPA2DH) a publié une enquête concernant l’exploitation pétrolière et minière dans le sud du Congo-Brazzaville. Réalisée sur plusieurs mois, cette enquête s’intéresse particulièrement aux actions de quatre entreprises, principalement chinoises, opérant dans les départements du Kouilou, de Pointe-Noire et de Niari. Les résultats de cette étude soulignent de graves préoccupations concernant le manque de consultation des populations locales et l’absence d’études environnementales et sociales adéquates.
L’ARPA2DH met en lumière plusieurs défaillances dans les pratiques des entreprises concernées. D’après Blanchard Cherotti Mavoungou, président de l’association, ces entreprises ont obtenu des permis d’exploitation auprès du gouvernement sans avoir respecté l’obligation de consulter les communautés locales. Aucun “Consentement libre, informé et préalable” (Clip) n’a été demandé avant la mise en place de ces projets, ce qui va à l’encontre des normes internationales relatives à la gestion des ressources naturelles dans les zones peuplées de communautés autochtones.
La problématique soulevée par l’ARPA2DH s’inscrit dans un contexte où les ressources naturelles du pays, notamment le pétrole et les minerais, sont exploitées de manière intensive. Le gouvernement congolais, bien que signataire d’accords internationaux sur la protection des droits des populations et de l’environnement, peine à encadrer efficacement ces activités industrielles. Ces entreprises, en grande majorité chinoises, bénéficient d’une relation privilégiée avec les autorités locales, ce qui semble minimiser les contrôles et la mise en œuvre des mesures de protection des populations affectées.
L’enquête met également en évidence de nombreuses conséquences négatives sur l’environnement, telles que la pollution de l’eau et la dégradation des conditions de vie des habitants. À Tchiminzi et Tchitondo, les populations locales subissent quotidiennement l’impact des opérations pétrolières de l’entreprise Wing Wa. Des produits chimiques toxiques sont déversés dans l’environnement, entraînant des nuisances telles que la détérioration des toitures des maisons, obligeant les habitants à remplacer leurs toitures tous les trois mois. Ce phénomène a conduit à une situation où, chaque soir à partir de 18 heures, les résidents doivent s’enfermer chez eux pour éviter l’exposition à ces produits toxiques.
L’avenir semble préoccupant pour les communautés locales si ces pratiques persistent. L’absence de consultations et de régulations adéquates pourrait entraîner une détérioration continue de la qualité de vie des populations, ainsi qu’une dégradation accrue de l’environnement. Les ONG et les associations de défense des droits humains appellent à une révision des politiques d’exploitation minière et pétrolière, en exigeant le respect des droits des populations locales et la mise en place d’études d’impact environnemental et social avant toute nouvelle autorisation d’exploitation.
Sur le terrain, les témoignages des résidents des zones affectées révèlent une situation d’urgence. “Nous vivons avec la peur d’être empoisonnés chaque jour. Nos enfants ne peuvent même plus jouer dehors à cause des produits chimiques qui empoisonnent l’air,” confie un habitant de Tchiminzi. Cette situation, déjà précaire, pourrait se détériorer davantage si aucune action concrète n’est entreprise par les autorités locales et internationales pour répondre aux préoccupations soulevées par l’ARPA2DH.