L’opposition sud-coréenne a déposé une motion de destitution contre le Premier ministre et président par intérim, Han Duck-soo, le jeudi 26 décembre. Cette initiative intervient alors que ce dernier est accusé d’avoir retardé la nomination de trois juges à la Cour constitutionnelle, au moment où cette institution joue un rôle clé dans la décision sur la destitution définitive du président conservateur suspendu, Yoon Suk-yeol.
Han Duck-soo a opposé son veto à deux projets de loi controversés portés par le Parti démocrate, principal groupe d’opposition. L’un visait à ouvrir une enquête spéciale sur le président suspendu Yoon Suk-yeol, impliqué dans la tentative d’imposition de la loi martiale le 3 décembre, et l’autre ciblait la première dame pour des accusations de corruption. Ces refus ont conduit le Parti démocrate à qualifier Han Duck-soo de « marionnette » du président suspendu. La motion de destitution sera soumise au vote dès le lendemain.
La Cour constitutionnelle, chargée de trancher sur le sort de Yoon Suk-yeol, fait face à des blocages institutionnels. Trois de ses sièges sont vacants depuis plusieurs mois, et leur absence complique la procédure, exigeant une unanimité des six juges restants pour toute décision. Le Parti démocrate accuse Han Duck-soo de freiner les nominations, tandis que les conservateurs rejettent la responsabilité sur l’Assemblée nationale.
Si la motion de destitution de Han Duck-soo est adoptée, ce serait une première historique en Corée du Sud. La vacance de la présidence intérimaire serait alors comblée par le ministre des Finances, Choi Sang-mok, selon le protocole. Toutefois, un débat persiste sur le type de majorité nécessaire pour destituer Han Duck-soo, reflétant l’impasse politique actuelle. Cette crise pourrait encore s’aggraver si les conservateurs s’opposent au processus.
Parallèlement à cette crise politique, Yoon Suk-yeol fait l’objet d’une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud. Les enquêteurs s’interrogent sur la légitimité de sa tentative de mise en place de la loi martiale, qui nécessite, selon la Constitution, une situation d’urgence nationale. Malgré deux convocations, Yoon Suk-yeol ne s’est pas présenté aux audiences, et un mandat d’amener est envisagé.
Cette double crise, mêlant tensions politiques et enquêtes judiciaires, met en lumière les fragilités institutionnelles en Corée du Sud. La paralysie de la Cour constitutionnelle et les accusations croisées entre partis politiques risquent de prolonger l’instabilité. L’issue de cette affaire aura des répercussions importantes sur l’avenir politique du pays et pourrait redéfinir les équilibres entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.