Dans la Note de conjoncture économique rendue publique le 9 décembre dernier au Gabon , la Banque mondiale dénonce les tracasseries et la corruption sur les corridors Kye Ossi (Cameroun) – Libreville.
Dans une enquête réalisée par l’institution de Bretton Woods dans le cadre de cette note de conjoncture économique, 24 % des commerçants disent être soumis à des frais discrétionnaires dans les postes de contrôle tout au long du corridor commercial. L’enquête révèle qu’environ 46 % du coût total payé pour le dédouanement d’un camion de dix tonnes de marchandises entre le Cameroun et le Gabon résulte des frais non officiels.
« En moyenne, un camion de 20 tonnes transportant des marchandises de la frontière camerounaise à Libreville s’attend à être arrêté à plusieurs points de contrôle – plus précisément, à 44 arrêts, soit une fois tous les 10,8 kilomètres. Au total, ces arrêts occasionnent un retard de plus de 15 heures et coûtent 1 980 000 de FCFA (3 736 USD). Trois arrêts sur quatre relèveraient de la tracasserie », indique la Banque mondiale.
D’après les données recueillies par les enquêteurs de la BM, ce type de harcèlement majore le coût du transport des produits agricoles au Gabon de 0,30 USD par tonne et par kilomètre. Ce qui renchérit le coût des produits sur les marchés et par ricochet renchérit le coût de la vie au Gabon et pénalise davantage le commerce extérieur du Gabon. Car, selon les estimations , « les tracasseries représentent 14 % des prix finaux à la consommation pour certains produits de base sur le corridor Cameroun-Gabon, soit au total environ un tiers des prix finaux à la consommation », indique la Banque mondiale.
Face à cette situation qui a déjà été plusieurs fois décriée par le président de la Commission Cemac, Daniel Ona Ondo, la Banque mondiale recommande entre autres de réduire le nombre de points de contrôle le long des corridors commerciaux, améliorer les supports de diffusion et fournir des informations claires et pratiques sur les procédures commerciales et les frais officiels. Aussi, mettre en œuvre une approche de guichet unique pour le commerce agricole extérieur… Car, pour la Banque mondiale, la réduction des tracasseries serait bénéfique pour le Gabon, surtout dans le contexte de la montée des pressions inflationnistes engendrées par la guerre en Ukraine et les perturbations du commerce mondial.
Le nouveau Gabon