Le président sortant de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a été réélu dès le premier tour de la présidentielle du 25 octobre 2025. Selon les résultats provisoires annoncés le 27 octobre par la Commission électorale indépendante (CEI), il a obtenu 89,77 % des suffrages exprimés, sur un taux de participation de 50,10 %. Sur les 8,7 millions d’électeurs inscrits, un peu plus de 4,2 millions ont voté, dont 4,18 millions de bulletins valides.
Face à lui, quatre candidats peu susceptibles de menacer sa domination politique : Simone Ehivet Gbagbo (2,42 %), Jean-Louis Billon (3,09 %), Ahoua Don Mello (1,97 %) et Henriette Lagou (1,15 %). Les résultats montrent une victoire nette d’Alassane Ouattara sur l’ensemble du territoire, y compris dans les bastions traditionnellement acquis à l’opposition, comme Yopougon. Dans certaines zones du Nord, notamment Ferkessédougou et Séguéla, le chef de l’État a frôlé les 99 % de voix.
L’opposition avait pourtant appelé au boycott. Le Front commun PPA-CI/PDCI, qui regroupe les deux principales forces rivales du pouvoir, avait dénoncé une « élection verrouillée » après l’exclusion de ses leaders. Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, figures majeures de la scène politique ivoirienne, avaient vu leurs candidatures rejetées par le Conseil constitutionnel. Dans une interview accordée à Alain Foka, Gbagbo a qualifié ce scrutin de « coup d’État électoral ».
Cette réélection s’inscrit dans un climat de tension institutionnelle. La candidature d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat a été jugée anticonstitutionnelle par une partie de l’opinion, rappelant la crise électorale de 2020, où la question du troisième mandat avait déjà fracturé la société ivoirienne. À 83 ans, le chef de l’État poursuit ainsi un parcours politique sans partage, consolidé par le contrôle du RHDP sur les principales institutions.
Si la victoire de Ouattara renforce la stabilité du pouvoir, elle relance en parallèle les interrogations sur la succession politique. Le président, resté discret sur ses intentions à long terme, devra gérer un contexte de défiance et de désengagement démocratique, comme l’illustre la participation limitée. À moyen terme, la question du renouvellement générationnel et du retour éventuel des figures de l’opposition pourrait de nouveau peser sur la scène politique.
Malgré cette victoire sans appel, la légitimité politique d’Alassane Ouattara reste fragilisée par la faiblesse du pluralisme électoral. Les appels au boycott, l’exclusion de rivaux majeurs et la fatigue démocratique observée dans le pays rappellent que la stabilité ivoirienne repose désormais moins sur le consensus politique que sur la continuité du pouvoir. Le défi pour le président réélu sera donc de gouverner un pays apaisé tout en préparant une transition crédible.



