Le procès des auteurs présumés de l’attentat de Grand-Bassam a commencé ce mercredi 30 novembre à Abidjan. Le 13 mars 2016, l’attaque dans cette station balnéaire avait fait 19 morts.
Ce premier jour d’audience a permis d’entrer dans le vif du sujet, avec l’audition d’un premier accusé, Mohamed Cissé. L’homme se présente comme un chauffeur résidant dans la commune de Port-Bouet, où Kounta Dallah, considéré comme l’un des cerveaux de l’attentat, a loué une maison début 2016. « C’est un marabout, une famille très respectée au Mali », précise Mohamed Cissé, pour justifier le choix de son client. Sa voiture, c’est son gagne-pain, insiste-t-il.
Présenté par la justice comme « le répartiteur des tâches », Kounta Dallah est accusé d’avoir « supervisé l’attentat de bout en bout ». Mohamed Cissé raconte l’avoir emmené sur la plage de Grand-Bassam, en compagnie d’une autre personne. Le soir de l’attaque terroriste, Mohamed Cissé appelle son client pour le mettre en garde : « Il y a un attentat en Côte d’Ivoire, si vous ne faites pas attention, ils vont vous rafler ». Dans quelle mesure ce chauffeur était-il au courant des projets d’attentat préparé par son client ? La question n’a pas été totalement tranchée au cours de l’échange avec la cour.
Il affirme aussi l’avoir ramené à l’aéroport le lendemain de l’attentat. Kounta Dallah lui aurait alors remis le véhicule dans lequel avaient été cachées les armes, avant de rentrer à Bamako. Bousculé par les questions du président de la cour, Mohamed Cissé assure s’être cantonné à son travail. « Je suis chauffeur, je vis de la conduite », explique-t-il. Quand son avocat lui demande s’il aurait agi ainsi, s’il avait eu connaissance de tous ces événements, Mohamed Cissé éclate en sanglots : « Si je savais, je n’allais pas l’aider. »
Au total, 18 à être jugés, seulement quatre présents
Six ans et demi après l’attaque qui a fait 19 morts dans la station balnéaire de Grand-Bassam, ils sont 18 à être jugés depuis ce mercredi pour « assassinat », « tentative d’assassinat », « actes de terrorisme », « recel de malfaiteurs », coups et blessures volontaires par armes à feu, détention illégale d’armes à feu et de munitions de guerre. Mais cet après-midi, seuls quatre accusés étaient présents au tribunal criminel d’Abidjan.
Bras croisés derrière le dos, masque chirurgical accroché au nez, les quatre accusés ont attentivement écouté le rappel des faits. Outre Mohamed Cissé, comparaissait une personne qui aurait hébergé les présumés terroristes, et deux autres qui auraient aidé à faire du repérage. Tous ont été arrêtés quelques jours après l’attentat et sont soupçonnés d’avoir été en lien avec Kounta Dallah, qui serait en fuite. Autres grands absents : Cheikh Aïdara, décrit comme étant « l’idéologue » du groupe, et Mimi Ould Baba, présenté comme étant « le chef direct de Kounta Dallah ».
De nombreux témoins
Les avocats de la défense ont été constitués en tout début de semaine. « Nous avons non seulement rencontré nos clients, nous avons discuté avec eux, mais tout au long de ce qui viendra, on aura encore l’occasion de peaufiner notre stratégie, explique Me Eric Saki. La procédure sera longue, les débats risquent également d’être longs compte tenu même du nombre de témoins qu’il y a. »
Après l’audition ce mercredi d’un chauffeur, l’audience reprend cet après-midi, avec l’interrogatoire de trois autres prévenus. Près de 16 témoins seront ensuite appelés à déposer au cours de cette procédure.
Le procès doit durer trois semaines. Il reprendra ce jeudi, pour s’achever le 22 décembre.