En 2021, Charles Blé Goudé avait été acquitté par la CPI en même temps que le président Laurent Gbagbo, dans le cadre de leur implication dans la crise post-électorale de 2010-2011. Depuis, il avait émis le vœu de rentrer en Côte d’Ivoire où il reste sous le coup d’une condamnation de 20 ans.
L’ancien bras droit de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé (photo), a obtenu son passeport. L’information a été confirmée ce lundi 30 mai, par la chaîne de télévision publique ivoirienne, RTI.
La remise officielle du document a eu lieu en présence de Hamza Sallah, ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux Pays-Bas et de Issiaka Konaté, consul général de la Côte d’Ivoire en France. Si la remise d’un passeport semble n’avoir rien de particulier, l’événement a une forte valeur symbolique en raison de l’importance de son récipiendaire dans le paysage politique ivoirien.
Ancien leader du mouvement des « Jeunes Patriotes », Charles Blé Goudé avait été arrêté au Ghana en 2013, puis transféré l’année suivante à La Haye pour y être jugé pour crimes contre l’humanité. Aux côtés de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, dont il était un fervent soutien, il était accusé de meurtres, viols et persécutions contre des populations civiles, pendant la crise post-électorale qui a vu Alassane Ouattara accéder au pouvoir pour la première fois.
Le 31 mars 2021, il avait été définitivement acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), et demandait depuis lors, à obtenir un passeport pour retourner en Côte d’Ivoire, comme l’avait fait Laurent Gbagbo en juin dernier.
Cependant, bien que son acquittement ait sonné comme une victoire pour de nombreux Ivoiriens, M. Goudé reste sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour des « actes de torture, homicides volontaires et viols » commis pendant la crise. En avril 2021, il avait demandé au gouvernement ivoirien de faire « un geste » pour définitivement clore ce chapitre.
« J’espère de la part du pouvoir un geste, une amnistie, ou une grâce, parce que je pense que notre pays en a besoin. Le pardon qu’on l’accorde ou qu’on le demande est une case dont la Côte d’Ivoire ne peut pas se passer […] Pour que les Ivoiriens puissent souffler, puissent quitter cette zone de pression […] Je lance cet appel aux autorités ivoiriennes. Je souhaite un geste pour décrisper cette atmosphère, pour que le président Laurent Gbagbo et moi puissions rentrer chez nous et qu’on puisse tourner cette page-là », avait-t-il alors déclaré en demandant « pardon » aux Ivoiriens, dont une partie continue de réclamer justice pour les dommages subis durant la crise.
Sur le plan politique, les tensions semblent s’être grandement apaisées. Laurent Gbagbo qui a été accueilli en grandes pompes par ses partisans s’est affiché main dans la main aux côtés de son ancien rival, Alassane Ouattara, pour faciliter le processus de réconciliation. Une réconciliation que Charles Blé Goudé pourrait lui aussi contribuer à renforcer.
Agence ecofin