Le 23 avril 2025, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a suspendu sa participation aux sessions de l’Assemblée nationale en réponse à la décision de justice du 22 avril qui ordonne la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale. Cette décision survient après des mois de tensions politiques liées à la candidature de l’ancien directeur général du Crédit Suisse, qui est également le leader du PDCI. Cette action témoigne de l’intensité du bras de fer entre l’opposition et le pouvoir en place.
Les députés du PDCI, déçus et frustrés, ont décidé de boycotter les travaux parlementaires, accusant le gouvernement d’orchestrer une série d’actions juridiques contre Tidjane Thiam. Simon Doho, président du groupe parlementaire du PDCI, a qualifié cette décision de “savant orchestré” par le pouvoir en place. Ce mouvement de protestation a aussi trouvé un écho au sein du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), qui, quelques semaines auparavant, avait suspendu sa participation aux sessions parlementaires en raison de l’absence de Laurent Gbagbo sur la liste électorale provisoire.
La Côte d’Ivoire traverse une période de tensions politiques alimentées par des questions liées à la liste électorale et aux candidatures pour les prochaines élections présidentielles. Le gouvernement, représenté par le ministre de la Communication, Amadou Coulibaly, a rejeté les accusations de manipulation politique. Selon lui, la décision judiciaire respecte le principe de séparation des pouvoirs, et la situation actuelle est le résultat de l’application stricte de la loi. Le ministre a par ailleurs souligné que la cinquième phase du dialogue politique, qui avait permis des discussions entre le pouvoir et l’opposition, est désormais close.
À Abidjan, le siège du PDCI est devenu le centre de la contestation, avec de nombreux militants déterminés à soutenir la candidature de Tidjane Thiam. Ces derniers expriment leur frustration face à ce qu’ils considèrent comme une injustice. Le parti prévoit de s’organiser avec d’autres formations de l’opposition pour amplifier la mobilisation et préparer d’éventuelles actions de protestation. Simon Doho a d’ailleurs évoqué une possible alliance avec le PPA-CI pour renforcer la voix de l’opposition et défendre la démocratie.
L’appel à manifester lancé par le PDCI met le gouvernement sur ses gardes. Le ministre Amadou Coulibaly a fermement averti que “le désordre ne sera pas toléré”, qualifiant ses propos de “conseil”. Cette déclaration illustre la détermination du gouvernement à maintenir l’ordre public tout en refusant de rouvrir un nouveau dialogue politique, une option réclamée par l’opposition. La situation pourrait donc évoluer vers un blocage institutionnel si les tensions ne s’apaisent pas rapidement.
En parallèle des tensions politiques, Tidjane Thiam fait face à une autre bataille judiciaire. Une militante du PDCI, Valérie Yapo, a déposé une plainte pour contester son élection à la tête du parti en 2023, en invoquant la question de sa nationalité ivoirienne. Ce litige juridique pourrait se transformer en un nouveau terrain de lutte pour le leader du PDCI, qui pourrait voir sa position fragilisée si la justice donne raison à la plaignante. Cependant, la défense de Thiam, qui rejette les arguments sur la perte de sa nationalité, reste optimiste quant à l’issue de cette affaire.
La crise au PDCI, exacerbée par la radiation de Tidjane Thiam, illustre les tensions qui secouent la politique ivoirienne à l’approche des élections. Les actions de l’opposition et la réponse du gouvernement pourraient profondément affecter le climat politique dans les mois à venir, rendant l’avenir des prochaines élections encore plus incertain.