Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a procédé, mercredi 19 novembre 2025, à la révocation de vingt-deux de ses cadres pour insubordination. Cette décision radicale, prise par son président Laurent Gbagbo, fait suite au passage en force de ces membres, qui se sont portés candidats aux élections législatives de décembre 2025 en dépit de la ligne officielle du parti, qui avait choisi le boycott de ce scrutin.
Parmi les personnalités écartées figurent des noms notoires comme Stéphane Kipré, Ouegnin Georges Armand et Séri Louma. Le parti justifie cette purge par un impératif de “responsabilité politique” et de “respect pour les victimes” de la présidentielle d’octobre 2025. Dans un communiqué, le PPA-CI a fermement condamné ces actes de candidature individuels, les qualifiant de “désobéissance et d’insubordination” incompatibles avec la discipline présentée comme “l’épine dorsale de toute organisation politique sérieuse”.
Cette crise interne s’inscrit dans le contexte tumultueux de l’après-élection présidentielle de 2025, que l’opposition conteste vivement. Le PPA-CI, formation de l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo, avait acté lors d’une session de son Comité central le 6 novembre son refus de participer aux législatives. Pour la direction du parti, concourir à ces élections reviendrait à “couvrir la forfaiture” et à jeter “un linceul dédaigneux” sur les violences post-électorales, selon les termes mêmes rapportés de Laurent Gbagbo.
Cette purge sans précédent pose la question de l’avenir du PPA-CI et de sa cohésion. Elle risque de creuser les divisions internes entre la ligne radicale prônée par sa direction et une frange de cadres plus encline à une participation au jeu électoral, même dans un contexte contesté. L’exclusion de figures influentes pourrait affaiblir structurellement le parti et remettre en cause sa capacité à mobiliser son électorat en dehors des périodes de forte tension politique.
La fermeté affichée par Laurent Gbagbo et son parti traduit une volonté de contrôle absolu sur la stratégie politique et le message. En rappelant que “servir un parti, c’est accepter de le respecter, dans les moments faciles comme dans les épreuves”, le PPA-CI envoie un signal clair à tous ses militants : la loyauté et la discipline priment sur toute velléité personnelle. Cette approche vise également à maintenir une position de force dans la narration de la crise post-électorale, en refusant toute légitimation d’un processus qu’il estime vicié.
Au-delà de la simple sanction disciplinaire, cette décision révèle les tensions stratégiques qui traversent l’opposition ivoirienne. Faut-il boycotter les institutions pour les priver de légitimité ou, au contraire, les investir pour continuer le combat de l’intérieur ? Le geste des vingt-deux cadres révoqués illustrait ce second choix, estimant peut-être que l’absence totale de l’opposition au Parlement serait contre-productive. La réponse du PPA-CI, tranchée et sans appel, enterre pour le moment ce débat en son sein et marque un raidissement de sa posture politique.



