À Abidjan, devant plusieurs milliers de militants rassemblés le 16 août sur la place Ficgayo de Yopougon, Laurent Gbagbo a martelé son refus de voir Alassane Ouattara briguer un quatrième mandat en 2025. L’ancien président ivoirien, aujourd’hui leader du PPA-CI, a insisté : « Notre détermination est nette et claire, il n’y aura pas de 4e mandat ».
Lors de cette rencontre marquant la fin de sa tournée politique baptisée « Cöcöcö », lancée en début d’année, Gbagbo a salué la marche conjointe du PPA-CI et du PDCI du 9 août, qu’il a qualifiée de « gigantesque ». Mais il a aussi mis en garde contre les dérives verbales observées ce jour-là , rappelant à ses partisans de ne pas recourir à des propos xénophobes ou ethniques. « Répondez aux attaques, mais sans citer l’origine ou l’ethnie », a-t-il exhorté. Le parquet a d’ailleurs annoncé des poursuites contre les auteurs de ces propos.
Cette prise de position intervient à un moment où le climat politique en Côte d’Ivoire reste fragile. Radié de la liste électorale depuis 2020, Laurent Gbagbo ne peut pas se présenter en l’état actuel du droit. Alassane Ouattara, pour sa part, entretient l’ambiguïté quant à une nouvelle candidature, malgré les critiques répétées de l’opposition qui y voit une menace pour la stabilité démocratique. Le dépôt officiel des candidatures à la présidentielle d’octobre 2025 doit s’achever le 26 août.
Les prochaines semaines seront décisives : les partis d’opposition comptent peser sur le processus électoral et sur la Commission électorale indépendante, tandis que le RHDP, au pouvoir, reste silencieux sur son choix de candidat. La perspective d’un éventuel quatrième mandat d’Ouattara constitue une ligne de fracture politique majeure et pourrait rallumer les tensions dans un pays marqué par les violences post-électorales de 2010-2011.
Malgré les obstacles juridiques, les partisans de Gbagbo affichent une détermination intacte. Certains, comme dame Komenan, affirment qu’ils trouveront un moyen d’imposer sa candidature : « Même si on est à un jour, on va mettre son nom. C’est notre candidat. » Cette ferveur illustre l’attachement d’une base militante convaincue que l’ancien président reste incontournable dans l’arène politique ivoirienne.
La marche conjointe du PPA-CI et du PDCI laisse entrevoir une possible coalition plus large de l’opposition face au pouvoir. Mais les divergences internes, les incertitudes sur la participation effective de Gbagbo et la stratégie des autres leaders pèseront lourdement sur la capacité de l’opposition à présenter une alternative crédible et solide en 2025.