Dans une démarche visant à soutenir les producteurs de cacao ivoiriens, le ministre en charge de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, a officiellement annoncé une augmentation de 50% du prix garanti aux planteurs pour la petite saison des récoltes d’avril, portant ce dernier à 1500 FCFA (2,47$) le kilogramme. Cette mesure intervient dans un contexte de prix international fortement en hausse, apportant un léger soulagement aux agriculteurs locaux.
Cette revalorisation du prix garanti représente une bouffée d’oxygène pour les petits agriculteurs ivoiriens, dans un secteur marqué par une flambée des prix du cacao sur les marchés mondiaux. Les contrats à terme pour mai 2024 s’échangent à un niveau cinq fois supérieur au prix désormais promis aux planteurs, soulignant l’importance de cette décision pour le tissu économique local.
Cette décision fait suite à une session du Conseil des ministres axée sur l’agriculture et la filière cacao, perpétuant la tradition d’une réunion préalable au mois d’avril pour fixer les prix. Elle intervient dans une année où les cours du cacao à Londres et New York ont plus que triplé, atteignant des sommets inédits depuis plusieurs décennies, en réaction notamment à des craintes sur l’offre due aux maladies des cacaoyers et à des conditions météorologiques défavorables.
Cette hausse du prix au producteur pourrait marquer un tournant pour l’industrie cacaoyère ivoirienne. En effet, elle met en lumière la nécessité d’adapter le modèle de vente à terme, dominant dans le pays, aux réalités du marché mondial. La présence accrue de fonds spéculatifs et l’augmentation des prix sur des produits financiers liés au cacao posent la question de l’efficacité du système actuel pour répercuter les bénéfices de la flambée des prix aux agriculteurs.
Le mécanisme de vente à terme, bien que permettant une certaine stabilité pour les producteurs grâce à un prix minimum garanti, limite leur capacité à bénéficier pleinement des hausses de prix sur le marché international. La vente anticipée d’une grande partie de la récolte à des prix fixés à l’avance montre aujourd’hui ses limites face à des fluctuations de marché de plus en plus volatiles et imprévisibles.
Avec cette augmentation du prix garanti, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, renforce sa position tout en faisant face à des défis structurels et conjoncturels importants. La nécessité d’une réforme du système de vente et d’une meilleure redistribution des profits de la filière se fait sentir, dans un effort de soutien durable aux producteurs qui sont au cœur de cette industrie vitale pour l’économie du pays.