En Côte d’Ivoire, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) traverse une période de turbulences après la décision du tribunal ordonnant la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale. Cette décision intervient dans un contexte où le parti tente de mobiliser ses militants pour exiger la réintégration de son candidat à la présidentielle d’octobre. Malgré des appels à manifester, la mobilisation en faveur de Thiam reste timide, et les marches prévues pour le 24 avril n’ont guère rencontré l’adhésion populaire.
Le 24 avril, la capitale Abidjan a vu des rues bloquées autour du palais de justice, sous haute surveillance des forces de sécurité. Le tribunal s’est réuni comme prévu pour examiner des affaires, dont une opposant Valérie Yapo à Tidjane Thiam. Cette dernière, ancienne cadre du PDCI, conteste la légalité de l’élection de Thiam à la tête du parti, au motif de sa nationalité française. Pour son avocat, cette double nationalité aurait invalidé son élection. Cependant, le porte-parole du PDCI, Soumaïla Bredoumy, défend vigoureusement l’élection de Thiam, en arguant que celui-ci avait tous les documents nécessaires pour être sur la liste électorale en 2023, et que ces accusations sont une manœuvre politique.
Cette contestation de l’élection de Thiam se situe dans un contexte de divisions internes au PDCI. Le parti, traditionnellement dirigé par Henri Konan Bédié, est secoué par des tensions qui remontent à son dernier congrès de décembre 2023. Thiam, ancien directeur général de la Banque Credit Suisse et figure montante du parti, a remporté la présidence du PDCI dans des conditions jugées contestables par certains membres du parti. Cette crise interne s’inscrit également dans un contexte politique ivoirien marqué par des rivalités entre l’opposition et le pouvoir, ainsi que par les ambitions de plusieurs figures politiques en vue des prochaines élections présidentielles.
La situation reste complexe pour le PDCI et son candidat. Si les manifestants se battent pour la réintégration de Thiam, l’affaire judiciaire pourrait s’étendre jusqu’au 8 mai, date de la prochaine audience. Le parti semble être dans une position de force sur le plan légal, mais la faiblesse de la mobilisation pourrait affaiblir sa position politique sur le terrain. De plus, l’absence prolongée de Thiam, actuellement en France, pourrait également nuire à sa capacité à relancer la dynamique militante du PDCI. Cette absence soulève des questions sur l’engagement du leader dans cette lutte interne.
Les militants, bien que déterminés à soutenir Thiam, peinent à transformer leur soutien en action de rue. Le faible nombre de participants aux rassemblements du 24 avril témoigne d’une certaine démobilisation. Les organisateurs ont d’ailleurs été contraints de reporter les marches, évoquant la nécessité de suivre l’évolution de l’affaire judiciaire. Simon Doho, président du groupe parlementaire du PDCI, a cependant insisté sur la nécessité de poursuivre le combat pour la réintégration de Thiam, soulignant que ce n’était qu’une question de temps avant que le tribunal ne prenne une décision favorable.
En définitive, l’avenir de Tidjane Thiam au sein du PDCI dépendra des développements judiciaires à venir, ainsi que de la capacité du parti à maintenir son unité et à raviver la mobilisation militante. Si la direction du PDCI parvient à faire face aux défis internes et à renforcer le soutien de ses bases, le retour de Thiam à la tête du parti pourrait s’avérer possible. Toutefois, le contexte politique mouvant et la pression croissante du gouvernement pour affaiblir l’opposition laissent planer une incertitude sur la suite des événements.