Le gouvernement ivoirien a annoncé une hausse de 20 % du prix bord champ du cacao, désormais fixé à 1 800 francs CFA le kilo, pour la prochaine grande campagne de commercialisation. Ce montant représente un record, après une année marquée par une hausse des cours mondiaux, atteignant des niveaux sans précédent. Malgré cela, cette décision a suscité des réactions mitigées, en particulier du côté des producteurs.
En effet, cette augmentation, bien qu’importante, est jugée insuffisante par les planteurs ivoiriens. Les producteurs espéraient un prix plus élevé, en adéquation avec l’explosion des cours mondiaux du cacao, qui ont atteint plus de 10 000 dollars la tonne sur le marché de New York. À Londres, les prix ont également grimpé de 170 % en septembre, laissant espérer une hausse plus conséquente pour leur rémunération.
Le prix du cacao en Côte d’Ivoire a été fixé en concertation avec le Ghana, autre grand producteur mondial, qui a également établi son prix à 1 800 francs CFA le kilo. Cette coopération entre les deux pays vise à réguler le marché et à renforcer leur position face aux acheteurs internationaux. En avril dernier, le prix bord champ avait déjà augmenté à 1 500 francs CFA pour la récolte intermédiaire, marquant un précédent historique.
Malgré cette augmentation, les producteurs de cacao de Côte d’Ivoire, regroupés au sein de l’Association nationale des producteurs de café-cacao (Anaproci), sont déçus. Koffi Kanga, président de l’Anaproci, estime que la hausse ne reflète pas les réalités du marché international, où les prix du cacao ont flambé. Selon lui, les planteurs espéraient que le prix bord champ serait plus proche de 60 % du prix CAF, conformément aux dispositions en vigueur.
En plus de l’insatisfaction liée aux prix, les producteurs de cacao doivent également faire face à plusieurs autres défis. Les vergers vieillissants et les ravages causés par des maladies comme le « swollen shoot » menacent la production. Le ministre de l’Agriculture, Kobénan Kouassi Adjoumani, a d’ailleurs annoncé une baisse de 25 % de la production nationale cette année, un chiffre préoccupant pour un secteur clé de l’économie ivoirienne.
Le gouvernement promet de soutenir davantage les producteurs, notamment à travers la couverture maladie universelle qui devrait bénéficier à près d’un million de cacaoculteurs. Toutefois, pour répondre pleinement aux attentes des planteurs, des mesures supplémentaires pourraient être nécessaires, notamment pour moderniser les plantations et lutter contre les maladies qui affectent les récoltes.
Face à ces enjeux, les producteurs espèrent que le gouvernement adoptera des réformes plus ambitieuses, non seulement pour améliorer les prix, mais aussi pour garantir la durabilité de la filière cacao. Le dialogue entre les autorités et les planteurs devra se poursuivre pour trouver des solutions équilibrées qui bénéficient à l’ensemble de la chaîne de valeur du cacao.