Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a officiellement désigné Tidjane Thiam comme son candidat pour l’élection présidentielle d’octobre 2025, lors d’une convention élective nationale tenue le mercredi 16 avril. Avec 99,50 % des voix, l’ex-ministre et ancien banquier a été plébiscité par son parti, soulignant son large soutien au sein de la formation politique. Cependant, ce vote ne marque que le début d’un chemin semé d’embûches pour Thiam, notamment en raison des doutes qui planent sur sa nationalité et donc son éligibilité à la présidentielle.
À 62 ans, Tidjane Thiam a récemment renoncé à sa nationalité française, une démarche requise par la loi ivoirienne pour qu’il puisse être candidat à la présidence. Cependant, cette décision n’a pas suffi à apaiser les tensions autour de son statut civique. Certains de ses détracteurs estiment qu’il ne remplirait pas les conditions de nationalité ivoirienne, selon l’article 48 du Code de la nationalité, qui stipule qu’un Ivoirien perd sa nationalité s’il acquiert une nationalité étrangère ou en reconnaît une autre. Ainsi, bien que Thiam ait renoncé à la nationalité française, des voix s’élèvent pour remettre en question sa validité en tant que citoyen ivoirien.
La situation de Tidjane Thiam s’inscrit dans un contexte politique et juridique complexe. En Côte d’Ivoire, la question de la nationalité est un sujet sensible, surtout à l’approche d’élections cruciales. Le Code de la nationalité, qui encadre les conditions d’éligibilité à la présidence, est parfois interprété de manière stricte, en fonction des circonstances. Le cas de Thiam met en lumière les ambiguïtés juridiques entourant la perte de la nationalité ivoirienne et les effets de la double nationalité. Ces débats juridiques interviennent après plusieurs années de tensions politiques, notamment autour des questions de légitimité des candidats.
L’issue de ces contestations pourrait avoir des répercussions importantes sur la campagne présidentielle à venir. Alors que la Commission électorale indépendante (CEI) est chargée de trancher sur les requêtes relatives à sa nationalité, une procédure judiciaire a également été lancée par une militante du PDCI. Cette dernière conteste la légalité de son élection à la tête du parti en décembre 2023, arguant qu’il aurait perdu sa nationalité ivoirienne avant cette date. Le tribunal d’Abidjan, qui doit examiner cette affaire le 24 avril, pourrait rendre une décision déterminante pour l’avenir politique de Thiam.
Face à ces polémiques, plusieurs procédures judiciaires sont en cours, notamment celles concernant la déchéance de nationalité. Le porte-parole du PDCI, Soumaïla Bredoumy, a insisté sur le fait que seul le procureur de la République est habilité à statuer sur ce type de question. Tandis que la CEI doit encore publier ses décisions d’ici le 20 avril, les soutiens de Thiam font valoir qu’il est en règle avec la loi. Ce climat incertain pourrait, à terme, nuire à sa campagne électorale, en exacerbant les tensions politiques au sein du pays.
Dans les semaines à venir, la situation juridique de Tidjane Thiam pourrait se clarifier ou, au contraire, se compliquer. Le PDCI, tout en affichant un soutien quasi unanime à son candidat, devra probablement faire face à des défis légaux et politiques qui mettront à l’épreuve sa capacité à maintenir sa légitimité dans cette course à la présidentielle. La résolution de ces controverses pourrait bien peser lourd dans le climat politique du pays, alors que la Côte d’Ivoire se prépare pour des élections présidentielles qui s’annoncent déjà très disputées.