La société minière australienne Resolute Mining a annoncé le 16 juin la découverte d’un vaste gisement aurifère dans le département de Doropo, au nord-est de la Côte d’Ivoire. Avec des réserves estimées à 100 tonnes d’or, ce site situé à la frontière avec le Burkina Faso pourrait bien devenir l’un des plus grands projets miniers du pays. La construction de la mine est prévue début 2026 et s’étendra sur deux ans.
Le projet représente un investissement de 300 milliards de francs CFA (environ 450 millions d’euros), avec une durée d’exploitation de plus de vingt ans. À la clé, quelque 3 000 emplois directs annoncés, des infrastructures attendues — écoles, équipements hospitaliers — et une bouffée d’oxygène pour la commune de Doropo. Selon un élu local, cette mine pourrait surtout « détourner les jeunes de l’extrémisme violent », menace persistante dans cette zone frontalière sensible.
La perspective d’une exploitation aurifère encadrée soulève autant d’espoirs que d’enjeux. Le département de Doropo, situé dans la région du Bounkani, figure parmi les plus pauvres de Côte d’Ivoire : en 2021, 71 % des habitants y vivaient avec moins de 1 000 francs CFA par jour. En parallèle, l’orpaillage clandestin gangrène la zone, avec son lot de conflits fonciers, d’insécurité et de dégradation environnementale.
Au-delà du seul cas de Doropo, cette découverte confirme l’essor de l’industrie aurifère ivoirienne. En 2023, le pays a produit près de 55 tonnes d’or et accordé 189 permis de recherche. Le gouvernement mise désormais sur des retombées fiscales substantielles : la première phase du projet Doropo devrait générer à elle seule 300 milliards de francs CFA de recettes.
Si la population locale accueille favorablement le projet, certaines voix appellent à la prudence. Une ONG active dans la région souligne l’importance de « compenser équitablement les propriétaires terriens » et de garantir une gestion responsable de l’environnement. Un équilibre délicat, dans un contexte où les attentes sociales sont fortes et où les précédents miniers ont parfois laissé un goût amer.