L’arrêt des financements américains met en péril l’observation indépendante de l’élection présidentielle prévue au Cameroun en octobre 2025. Les coupes dans l’aide au développement, décidées sous l’administration Trump, touchent de plein fouet les organisations de la société civile qui, traditionnellement, jouent un rôle crucial dans la surveillance électorale. Plusieurs initiatives visant à promouvoir la démocratie et garantir la transparence du scrutin sont désormais suspendues.
Cette réduction drastique des financements a des conséquences immédiates et lourdes pour des organisations locales. Par exemple, l’organisation “Un monde avenir”, dirigée par Philippe Nanga, voit son principal projet d’éducation et d’observation électorale annulé. Un programme de 65 000 dollars, destiné à sensibiliser la population et à former des observateurs, vient de tomber à l’eau après seulement quelques semaines d’activité. Les équipes, formées et prêtes à intervenir, se retrouvent sans ressources, compromettant ainsi leurs efforts en matière de transparence électorale.
Le Cameroun, dirigé par Paul Biya depuis près de 43 ans, est déjà confronté à des défis importants en matière de démocratie et de transparence électorale. Le code électoral est régulièrement critiqué, et les résultats officiels des élections sont fréquemment remis en cause par les partis d’opposition. L’absence de financements extérieurs ne fait qu’accentuer la difficulté de la société civile à s’impliquer de manière efficace dans l’observation du scrutin. En l’absence d’une vigilance indépendante, le processus électoral court le risque de sombrer davantage dans l’opacité.
L’absence d’observateurs indépendants pourrait entraîner un climat de méfiance généralisée. Les craintes d’une faible participation électorale se font de plus en plus entendre, certains redoutant même une exacerbation des tensions et des risques de conflits post-électoraux. Philippe Nanga se montre particulièrement inquiet de l’absence de mécanismes permettant de garantir la transparence des élections. Il souligne que sans la présence d’observateurs extérieurs, la société civile sera quasiment exclue du processus, et cela pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la crédibilité des résultats.
Face à cette situation, la société civile camerounaise appelle à l’aide de la communauté internationale, notamment du Canada et de l’Union européenne, pour combler le vide laissé par la coupure des financements américains. Ces institutions pourraient jouer un rôle clé en soutenant les efforts de surveillance électorale et en renforçant les capacités des organisations locales. Sans un soutien extérieur, le processus démocratique du Cameroun risque de perdre sa crédibilité, exacerbant les tensions politiques et sociales déjà palpables dans le pays.
Le Cameroun se trouve à un tournant de son histoire politique, avec une élection présidentielle qui pourrait marquer un moment décisif pour la démocratie. Cependant, la situation actuelle, marquée par l’arrêt des financements américains, met en péril les efforts pour garantir un scrutin transparent et inclusif. Il est impératif que la communauté internationale intervienne pour soutenir les initiatives locales, et ainsi assurer que la société civile puisse jouer son rôle de garde-fou dans ce processus crucial pour l’avenir du pays.