Les universités canadiennes font face à une chute drastique des inscriptions d’étudiants internationaux en raison des mesures prises par le gouvernement fédéral. Un coup porté non seulement à l’éducation mais à l’économie du pays.
Les universités canadiennes subissent une baisse significative de 45 % des inscriptions d’étudiants internationaux, selon Gabriel Miller, président de l’organisation Universités Canada. Cette chute, provoquée par le plafonnement du nombre d’étudiants internationaux mis en place par le gouvernement en janvier, dépasse largement les prévisions initiales. Miller a averti que l’impact pourrait être encore plus grave que prévu, soulignant la nécessité pour Ottawa de réagir rapidement.
Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, avait annoncé en début d’année une réduction de 35 % du nombre d’étudiants internationaux sur deux ans, une décision motivée par la pression sur le logement, les soins de santé et d’autres services publics. Cependant, les chiffres actuels montrent que la baisse pourrait dépasser les attentes du gouvernement.
Si le plafonnement des inscriptions est national, les provinces ayant connu une « croissance insoutenable » des admissions d’étudiants internationaux seront particulièrement affectées. La Nouvelle-Écosse, par exemple, a vu le nombre d’étudiants internationaux passer de 19 900 à moins de 4 000 pour la rentrée 2024. Une baisse alarmante qui risque d’aggraver les difficultés budgétaires des institutions universitaires locales.
Les collèges et instituts canadiens, quant à eux, prévoient une chute encore plus sévère avec une baisse de 54 % des inscriptions. Michael McDonald, directeur des relations gouvernementales pour Collèges et Instituts Canada, a expliqué que cette situation crée une incertitude parmi les étudiants potentiels. « Face à un manque de clarté, beaucoup choisissent d’autres pays pour poursuivre leurs études, » a-t-il déclaré.
Les répercussions économiques de cette baisse sont considérables. Les étudiants internationaux jouent un rôle crucial dans le financement des universités, contribuant non seulement aux frais de scolarité, mais aussi à la viabilité de plusieurs programmes. Selon Gabriel Miller, ces étudiants « enrichissent l’expérience éducative » et permettent aux universités de financer l’éducation des Canadiens. La perte de ces étudiants pourrait affaiblir la compétitivité des universités canadiennes sur la scène mondiale.
À l’Université du Manitoba, par exemple, le président Michael Benarroch a estimé que la baisse des inscriptions pourrait entraîner une diminution de 7 % des revenus de l’institution, soit une perte de 7 à 8 millions de dollars. Un coup qui pourrait compromettre la qualité des services offerts aux étudiants.
Du côté des collèges, la situation est tout aussi critique. Michael McDonald a souligné que la réduction des inscriptions met en danger les programmes professionnels. « Les métiers comme la soudure ou les soins infirmiers nécessitent des installations spécifiques et coûteuses. Sans les fonds apportés par les étudiants internationaux, la viabilité de ces programmes est menacée, » a-t-il ajouté.
Face à cette situation, les responsables des universités et collèges appellent Ottawa à revoir rapidement sa politique. Universités Canada demande notamment la fin des restrictions supplémentaires sur les permis de travail et un retour à une politique d’accueil plus ouverte. Gabriel Miller a également plaidé pour une campagne de marketing international visant à rétablir la réputation du Canada comme destination de choix pour les étudiants du monde entier.
Le ministère de l’Immigration a reconnu une baisse des admissions depuis l’instauration du plafonnement, mais a précisé qu’il était encore trop tôt pour évaluer pleinement les effets de cette mesure, en particulier avec l’arrivée des étudiants prévue pour les mois d’août et septembre.
Alors que les statistiques finales sur les permis d’études ne seront publiées qu’en octobre, il est clair que les universités et collèges canadiens se préparent à des répercussions qui pourraient s’étendre bien au-delà de la seule rentrée 2024.
La baisse massive des inscriptions d’étudiants internationaux représente une menace non seulement pour le secteur de l’éducation, mais aussi pour l’économie canadienne. En plus de fournir des revenus essentiels aux établissements, ces étudiants sont des contributeurs actifs à l’économie locale et un atout pour la diversité des campus. Le Canada peut-il se permettre de perdre ces talents et de voir sa réputation ternie à l’international ? Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir des politiques migratoires et éducatives du pays.