Le 29 mai, les actionnaires de la Banque africaine de développement (BAD) se réuniront à Abidjan pour élire le successeur du Nigérian Akinwumi Adesina. À l’issue de son second mandat, l’institution se prépare à désigner celui ou celle qui prendra sa tête à partir de septembre, parmi les cinq candidats en lice. L’issue du vote, encore incertaine, pourrait être influencée par des poids lourds comme le Nigeria et les États-Unis.
La campagne pour la présidence de la BAD dure depuis plus de six mois, avec cinq candidats déterminés à convaincre les actionnaires. Ceux-ci représentent 81 pays et détiennent des droits de vote proportionnels à leur contribution. Pour être élu, un candidat devra séduire à la fois le collège des actionnaires africains, qui détient 60 % du capital, et les actionnaires régionaux et non régionaux. Chaque candidature apporte une vision différente pour l’avenir de la BAD et du continent africain.
L’élection intervient alors que l’Afrique est confrontée à des défis économiques majeurs : relance post-Covid, crise alimentaire, besoin massif d’infrastructures, et pressions pour une croissance inclusive. La BAD joue un rôle central dans le financement du développement, et sa future direction pourrait infléchir les grandes priorités régionales, de l’énergie à l’agriculture, en passant par l’industrialisation.
Parmi les candidats, le Sénégalais Amadou Hott mise sur les infrastructures et l’emploi. Samuel Munzele Maimbo, soutenu par la SADEC, plaide pour l’inclusion économique et le développement agricole. Le Mauritanien Sidi Ould Tah veut renforcer la mobilisation des capitaux et coordonner les institutions financières africaines. Abbas Mahamat Tolli, du Tchad, insiste sur la gouvernance et les marchés financiers. Enfin, la Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala propose d’accélérer la mise en œuvre des stratégies existantes, avec un recours accru au secteur privé.
Le prochain président devra composer avec des attentes fortes : impulser la construction d’infrastructures, moderniser les systèmes financiers, et garantir une croissance durable. Il ou elle devra aussi gérer les équilibres géopolitiques entre actionnaires, tout en maintenant la stabilité financière de la BAD. La nomination pourrait aussi signaler des rééquilibrages régionaux, avec une possible montée en puissance de l’Afrique australe.
Les entretiens accordés par les cinq candidats à RFI permettent de mieux cerner leurs priorités et leur style de leadership. Ils révèlent aussi des enjeux personnels et régionaux : ambition sénégalaise, offensive zambienne, stratégie mauritanienne, approche pragmatique sud-africaine ou volonté réformatrice tchadienne. Cette élection est donc bien plus qu’un simple changement à la tête de la BAD : elle reflète les tensions, les ambitions et les visions du continent pour la décennie à venir.