Alors que la paralysie politique persiste en Libye, le président du Parlement Aguila Saleh a rencontré, lundi 7 juillet, Khaled al-Mechri, chef du Haut Conseil d’État, dans une tentative de relance du processus électoral. Cette réunion, qui fait suite à une entrevue avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, marque une nouvelle étape dans la recherche d’un accord pour former un gouvernement unifié et organiser des élections générales, bloquées depuis des mois.
Face au statu quo politique et à l’enlisement institutionnel, les deux chambres – le Parlement et le Haut Conseil d’État – ont ravivé une initiative commune visant à désigner un nouveau chef de gouvernement. Une commission conjointe a examiné les candidatures de onze prétendants, dont l’actuel ministre de l’Intérieur du gouvernement de l’Est et plusieurs personnalités influentes de Misrata. Une lettre a été transmise à l’ONU, appelant à son implication dans la validation de cette liste et dans la transition politique post-Dbeibah.
Ce regain de dialogue intervient dans un contexte où le Premier ministre en place, Abdelhamid Dbeibah, refuse de céder le pouvoir. Nommé pour une période transitoire en 2021, il s’appuie toujours sur le soutien de milices actives à Tripoli et de certaines forces politiques. Cette résistance fragilise les tentatives de transition et ravive les craintes d’un retour aux affrontements armés. Plusieurs analystes estiment que Dbeibah pourrait aller jusqu’à provoquer une escalade militaire pour conserver son poste.
Le Parlement et le Haut Conseil de l’État s’accorderaient sur une période de 24 mois pour permettre au futur Premier ministre d’organiser des élections crédibles. L’envoyée spéciale de l’ONU, la Ghanéenne Hanna Tetteh, a pour sa part promis de présenter un plan de sortie de crise fondé sur de larges consultations nationales. Parmi les options envisagées figure la création d’un gouvernement d’union aux pouvoirs limités, censé apaiser les tensions et garantir un minimum de stabilité jusqu’au scrutin.
L’Égypte, acteur majeur de la région, multiplie les pressions diplomatiques pour aboutir à une solution politique inclusive. Le soutien discret mais croissant de l’ONU à un scénario post-Dbeibah indique un début de consensus international. Mais les risques de fragmentation restent élevés tant que les intérêts divergents des acteurs locaux et des puissances régionales ne sont pas alignés.
Si la désignation d’un nouveau Premier ministre constitue une avancée, elle reste fragile. Les divergences profondes entre les factions libyennes, l’enchevêtrement d’intérêts économiques, militaires et claniques, ainsi que l’absence de garanties de sécurité rendent toute issue incertaine. Pour qu’une transition prenne forme, il faudra plus qu’un accord formel : un engagement clair, des garanties internationales, et surtout, la volonté politique d’en finir avec une décennie d’instabilité.