Le secteur pétrolier nigérian fait face à une situation préoccupante où les raffineries locales payent leur brut jusqu’à 6 dollars de plus que le prix mondial, malgré un code pétrolier censé réguler le marché. Quatre ans après la mise en Å“uvre de cette législation, les compagnies pétrolières continuent d’ignorer l’obligation de vendre en priorité aux raffineries nationales, augmentant ainsi les coûts pour ces dernières.
Les producteurs internationaux, notamment les grandes compagnies pétrolières, privilégient la vente de pétrole brut à des négociants étrangers, principalement en Asie, en Méditerranée et en Afrique australe. Ces derniers, après avoir acquis le brut à des prix plus bas, le revendent ensuite au Nigeria avec une prime de 5 à 6 dollars par baril. Une situation particulièrement problématique pour les raffineries nigérianes telles que Dangote, et plusieurs autres raffineries modulaires, qui se retrouvent contraintes d’acheter du brut plus cher ou d’importer de nouvelles cargaisons depuis des pays comme les États-Unis, l’Angola ou l’Algérie.
Ce phénomène est renforcé par un paradoxe économique : le code pétrolier de 2021 stipule que les producteurs doivent allouer une partie de leur production aux raffineries locales, mais la mise en Å“uvre de cette règle reste faible. Selon les rapports, la Commission nigérianne de régulation du secteur pétrolier (NUPRC) a rappelé récemment aux producteurs qu’ils ne pouvaient plus exporter le brut destiné aux raffineries locales. Toutefois, cette directive semble n’avoir qu’un faible impact, car les raffineries continuent de faire face à des pénuries d’approvisionnement.
Cette pénurie affecte particulièrement les installations locales, comme le groupe CORAN, qui représente les propriétaires de raffineries. Il a rapporté que sept raffineries sont actuellement à l’arrêt, faute de brut. Seules quelques installations, comme Walter Smith Refinery ou Aradel Energy, continuent de fonctionner à une échelle réduite grâce à leur production propre provenant de champs marginaux. Cependant, la situation met en évidence les limites de la capacité de raffinage du pays, malgré des investissements récents.
La situation actuelle menace non seulement la viabilité économique des raffineries locales, mais également la balance commerciale du pays. Le Nigeria, malgré sa richesse pétrolière, doit continuer à importer du pétrole brut et des produits raffinés, ce qui aggrave son déficit commercial. Cette dépendance à l’importation pourrait freiner les ambitions de diversification du pays et exacerber les problèmes économiques déjà existants.
Enfin, si les autorités nigérianes veulent résoudre cette crise, une réforme sérieuse de la gestion du marché pétrolier s’impose. Une meilleure régulation de l’approvisionnement en brut et la promotion d’une véritable industrie pétrolière locale pourraient permettre au pays de réduire ses importations et d’améliorer sa balance commerciale tout en soutenant la croissance économique à long terme.