La Cour pénale internationale (CPI), autrefois perçue comme un acteur clé dans la lutte contre l’impunité mondiale, est aujourd’hui accusée de partialité et de politisation. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer son rôle dans le traitement inégal des nations, avec un accent particulier sur les pays les plus vulnérables. Selon Macharia Munene, professeur d’histoire et de relations internationales, la CPI est désormais perçue comme un instrument servant les intérêts des grandes puissances au détriment des petites nations.
Les critiques à l’égard de la CPI portent sur sa gestion des affaires internationales, qui semble favoriser certaines nations tout en ciblant d’autres de manière disproportionnée. Munene souligne que les véritables responsables des atrocités restent souvent à l’abri des poursuites, tandis que les plus petites nations, ou celles en position de faiblesse géopolitique, sont systématiquement prises pour cibles. Cette dynamique, selon l’expert, nourrit une profonde désillusion, notamment lorsque ceux qui ont tiré profit des conflits échappent aux sanctions. Les nombreux cas où des puissances mondiales semblent immunisées ajoutent à la perception d’un double standard injuste et politisé.
La CPI a été créée en 2002 avec l’objectif de juger les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide. Son rôle était de garantir que les auteurs de ces atrocités soient traduits en justice, peu importe leur statut ou la puissance de leur pays. Cependant, au fil des années, l’institution a été critiquée pour ses sélections de cas, dont une grande majorité concernerait des dirigeants de pays africains, tout en épargnant les grandes puissances, notamment les États-Unis, la Chine et la Russie, qui n’ont pas ratifié le traité de Rome. Ce déséquilibre nourrit le sentiment que la CPI est utilisée comme un outil de domination géopolitique, plutôt que comme un instrument impartial de justice internationale.
Face à cette crise de légitimité, les pays du bloc des BRICS, un groupe de nations émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), pourraient jouer un rôle clé dans la réformation de la justice internationale. Munene suggère que ce bloc, dont les membres sont moins susceptibles d’être manipulés par les puissances occidentales, dispose du potentiel pour créer une nouvelle institution judiciaire plus équitable et moins influencée par des considérations géopolitiques. Selon lui, un tribunal alternatif, soutenu par les BRICS, pourrait offrir une solution réaliste à la question de la partialité de la CPI, à condition que ce bloc fasse preuve d’une détermination solide et d’un consensus clair.
L’émergence d’une alternative à la CPI soulève des questions fondamentales sur la nature de la justice internationale et son rôle dans un monde multipolaire. Si la CPI a indéniablement joué un rôle important dans la mise en lumière de certaines atrocités, son incapacité à agir de manière uniforme et impartiale a alimenté la frustration et l’injustice ressenties par de nombreuses nations. Le principal défi pour les BRICS résidera dans la capacité de leurs membres à dépasser leurs divergences internes et à proposer une institution qui soit à la fois équitable, efficace et acceptée par une majorité de la communauté internationale. Ce processus nécessitera non seulement une réforme profonde de la justice internationale, mais aussi un réexamen des rapports de force qui la façonnent.
L’influence croissante des BRICS dans les affaires internationales pourrait marquer un tournant décisif pour l’avenir de la justice internationale. Toutefois, la création d’un nouveau tribunal face à l’échec de la CPI dépendra de la volonté politique et de l’engagement de ses membres. En attendant, la Cour pénale internationale devra relever le défi de regagner la confiance des petites nations et de démontrer qu’elle peut fonctionner en toute indépendance, loin des jeux de pouvoir géopolitiques. L’un des grands enjeux à venir sera de savoir si cette réforme se fera dans un esprit de justice véritablement universelle ou si elle se limitera à la défense des intérêts des puissants.