Les tensions entre Kampala et Berlin se sont intensifiées après les propos tenus sur X par Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni et probable successeur. Ce dernier a accusé l’ambassadeur allemand en poste, Matthias Schauer, d’être “absolument pas qualifié pour être en Ouganda”, sans donner de détails. Ces accusations ont conduit à la suspension par Kampala de toute coopération militaire avec l’Allemagne.
Lundi 26 mai, le ministère allemand des Affaires étrangères a réagi fermement par la voix de sa porte-parole, Kathrin Deschauer. Cette dernière a qualifié d’”absurdes et sans fondement” les accusations portées contre son ambassadeur et a rejeté toute idée de coopération militaire formelle entre les deux pays, soulignant qu’il n’y avait “rien à dénoncer”.
Depuis plusieurs années, Muhoozi Kainerugaba, chef de l’armée et acteur politique incontournable en Ouganda, multiplie les déclarations provocatrices sur les réseaux sociaux. Ces sorties sont régulièrement présentées comme des opinions personnelles par le gouvernement, mais elles traduisent aussi l’influence croissante de Kainerugaba, qui est souvent perçu comme le dauphin du président Museveni. Ces tensions interviennent dans un contexte politique ougandais particulièrement instable.
UPDF Suspends Defence Cooperation With Germany Over Ambassador’s Conduct https://t.co/yNccy6x9zp
— Uganda Peoples' Defence Forces (@MODVA_UPDF) May 26, 2025
Pour de nombreux observateurs, comme Kristof Titeca, spécialiste de la politique ougandaise, cette situation ressemble à un schéma déjà vu. Les accusations de Kainerugaba contre des diplomates étrangers ne sont pas nouvelles. Berlin semble compter sur l’essoufflement de cette affaire, comme cela s’était produit lors de précédentes polémiques, notamment avec l’ambassadeur des États-Unis.
La suspension de la coopération militaire entre Kampala et Berlin pourrait rester symbolique, étant donné l’absence de véritables liens militaires formels. Mais elle met en lumière les tensions internes au pouvoir ougandais et la stratégie d’escalade verbale de Kainerugaba. Alors que le climat politique local est marqué par des rivalités intenses et des scandales successifs, cette crise diplomatique pourrait n’être qu’un épisode parmi d’autres dans le bras de fer entre pouvoir ougandais et communauté internationale.