Le Collège des femmes rurales de l’Afrique centrale, coopérative a lancé il y a quelques jours à Nkoltang à environ 25km de Libreville, une plantation pilote de culture de manioc destiné à la transformation, et à la commercialisation. Il s’agit d’un projet d’agriculture familiale qui s’étendra dans les mois à venir dans d’autres localités du pays dans le but de mettre sur le marché du manioc bio, obtenu grâce à une méthode de production sans utilisation des engrais chimiques dans le respect de la santé des végétaux, apprend-on. Il est également question pour la coopérative « de toucher du doigt les réalités des femmes rurales afin de mieux les aider à rentabiliser leurs cultures, et les accompagner », soutient Lydie Koumba, président du Collège des femmes rurales de l’Afrique centrale.
Cette plantation pilote a été lancée sur environ un hectare et a couté environ 10 millions de FCFA à la coopérative, notamment pour l’acquisition de terrain, le terrassement et la plantation… apprend-on. Les tubercules qui y ont été plantés ont été testés par le programme de recherche Wave (West and Central african virus epidemiology), une plateforme scientifique et technique qui vise à augmenter la production alimentaire en Afrique centrale, soutient-on.
Après cette plantation, la coopérative compte « exploiter une autre superficie toujours à Nkoltang en fin juin en fonction des moyens disponible. Car, pour l’instant, c’est sur fonds propres que nous travaillons. Nous n’avons pas reçu de financements et c’est ça la plus grande difficulté. Parce que je réalise que l’agriculture demande beaucoup d’argent. Il faut que l’Etat fasse quelque chose. Nous avons eu beaucoup de difficultés pour le lancement de cette plantation notamment financière, et l’acquisition des semences », déplore Lydie Koumba, présidente du Collège des femmes rurales de l’Afrique centrale. Pour pallier ces difficultés que rencontrent globalement les femmes en zone rurale, Lydie Koumba propose notamment, que « l’Etat crée une banque de semences, et offre du terrain aux agriculteurs ». Par ailleurs, la coopérative invite les décideurs à « encourager les agriculteurs en venant sur le terrain pour se rendre compte des difficultés rencontrées afin de mieux les accompagner », indique-t-elle.
Pour ce projet, la coopérative a bénéficié d’un accompagnement technique de la Concertation nationale des organisations paysannes et productrices du Gabon (CNOP-Gabon). « Nous appuyons les coopératives par le renforcement des capacités sur les itinéraires techniques. Car, c’est l’agriculture familiale pratiquée par ces coopératives qui nourrit les Gabonais étant donné, que les produits agricoles vendus dans nos marchés au Gabon viennent des petits paysans pour la plupart. Mais, le petit paysans n’est pas appuyé ni financièrement, ni techniquement, … », explique Alfred Ngoye, chargé de programmes et projet Cnop Gabon.
Et donc, d’après la plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (Propac), l’initiative du Collège des femmes rurales de l’Afrique centrale est à encourager et à appuyer dans un contexte où le cout de la vie au Gabon est décrié par les populations. « Nous encourageons ces femmes car, nous pensons que c’est la voie à suivre car, nous sommes dans un contexte où la vie est devenue chère. Les produits de première nécessité coutent chers et le panier de la ménagère en souffre. Et l’agriculture familiale peut contribuer à amortir les couts de la vie chère par l’accroissement de la production, et surtout par la transformation de nos produits qui ajoutent de la valeur ajoutée à ces produits-là. Donc, nous pensons que c’est une initiative qui va faire tâche d’huile », a affirmé Célestin Nga, chef département recherche et innovation Propac qui regroupe les plateformes nationales des producteurs agrosylvopastorales des dix pays membres de la CEEAC/CEMAC.
Par ailleurs, de telles initiatives permettraient d’accoitre l’offre en tubercule de manioc qui est un produit consommé par plus de 80% de la population. Et selon le Pr Jacques François Mavoungou, directeur pays du programme de recherche Wave, le Gabon importe plus de 90.000 tonnes de manioc par an pour combler le déficit par rapport à la demande.