Cyril Ramaphosa a entamé lundi une visite officielle de quatre jours aux États-Unis, avec pour moment clé un tête-à-tête prévu ce mardi à la Maison-Blanche avec Donald Trump. Dans un climat diplomatique tendu, le président sud-africain espère apaiser les tensions et relancer une relation bilatérale mise à mal depuis le retour de Trump au pouvoir. Washington accuse Pretoria de discrimination contre les Afrikaners, une minorité blanche issue des colons européens.
Enjeu majeur de cette visite : la préservation des intérêts économiques sud-africains. Deuxième partenaire commercial de Pretoria, les États-Unis menacent d’imposer des droits de douane de 31 % sur certains produits sud-africains. Une mesure qui compromettrait des milliers d’emplois. Ramaphosa cherche à maintenir l’AGOA, un accord commercial permettant un accès préférentiel au marché américain. Ce dispositif, remis en question depuis l’élection de Trump, est considéré par Pretoria comme vital pour les secteurs agricole et manufacturier.
La crispation diplomatique actuelle s’explique en partie par la réforme foncière mise en œuvre en Afrique du Sud. Une loi adoptée en janvier permet la saisie de terres appartenant à la minorité blanche sans compensation. Elon Musk, natif d’Afrique du Sud et soutien affiché de Trump, a dénoncé cette mesure comme une persécution raciale. Depuis, les critiques se sont multipliées à Washington, jusqu’à qualifier la situation de « génocide ». Dernier épisode en date : l’accueil sur le sol américain de 49 Afrikaners avec un statut de réfugiés. L’ambassadeur sud-africain a même été expulsé des États-Unis.
Les désaccords entre les deux pays ne se limitent pas au dossier agricole. L’alignement de Pretoria sur les positions des BRICS, sa proximité avec la Chine et la Russie, mais aussi sa plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice pour génocide présumé à Gaza, irritent fortement Washington. Ces tensions multidimensionnelles compliquent davantage la tâche de Ramaphosa, qui devra rassurer une administration américaine de plus en plus méfiante à l’égard de son pays.
Pour tenter de rééquilibrer la relation, Ramaphosa mise sur un atout : les ressources minières stratégiques de son pays. Manganèse, chrome, platine… autant de matières premières dont les États-Unis ont besoin, notamment dans les technologies de pointe. Un accord bilatéral sur l’approvisionnement pourrait ouvrir la voie à une détente. Le porte-parole du président sud-africain a d’ailleurs évoqué cette possibilité, évoquant un modèle similaire à celui conclu avec l’Ukraine.
Au-delà de cette visite, les prochains mois seront cruciaux. L’Afrique du Sud s’apprête à présider le sommet du G20 en novembre prochain, un événement que Donald Trump menace de boycotter. Réussir à désamorcer les tensions actuelles serait donc non seulement un succès diplomatique pour Ramaphosa, mais aussi une condition indispensable pour garantir la crédibilité internationale de son pays dans les mois à venir.