La remise officielle d’un rapport sur les exactions françaises au Cameroun à Emmanuel Macron a déclenché un torrent de réactions sur les réseaux sociaux. Ce document, censé examiner les crimes de l’époque coloniale, divise l’opinion publique. Entre scepticisme sur sa légitimité et critiques acerbes sur sa portée, le débat est lancé.
Alors que certains saluent cette initiative comme un pas vers la reconnaissance des atrocités coloniales, d’autres dénoncent une démarche biaisée. Pour beaucoup, il est inconcevable que l’oppresseur puisse écrire une version fiable de l’histoire de ses victimes. Des voix se sont élevées pour questionner l’absence de contribution substantielle des historiens camerounais, perçue comme une omission volontaire ou un manque de reconnaissance.
Ce rapport intervient dans un contexte où le Cameroun, comme d’autres nations africaines, continue de porter les cicatrices du colonialisme français. Les décennies de domination ont laissé des traces indélébiles, nourrissant des sentiments de méfiance à l’égard des initiatives venant de l’ancienne puissance coloniale. Les précédentes tentatives de réconciliation mémorielle ont souvent été perçues comme insuffisantes, voire hypocrites, par une partie de la population africaine.
Pour l’avenir, ce rapport soulève des questions cruciales : pourra-t-il réellement ouvrir une discussion franche sur les crimes coloniaux ? Ou bien ne restera-t-il qu’un outil symbolique, sans effet concret sur les relations franco-camerounaises ? Les sceptiques estiment que seule une démarche inclusive, impliquant des historiens locaux, pourra rendre justice à la mémoire des victimes et apaiser les tensions persistantes.
Les critiques mettent en avant les nombreuses contributions des chercheurs camerounais qui, depuis des décennies, ont documenté les réalités de la colonisation. Ces travaux, bien que largement reconnus dans les cercles universitaires, peinent à trouver une place centrale dans les récits officiels. La nécessité de valoriser ces sources locales apparaît comme une urgence pour assurer une mémoire authentique et non édulcorée.
Enfin, les discussions autour de ce rapport illustrent une fracture profonde entre la France et ses anciennes colonies. Pour beaucoup, cette initiative n’est qu’une mascarade visant à apaiser les critiques sans affronter les vérités gênantes. D’autres appellent à une rupture claire avec ces initiatives unilatérales, exhortant les nations africaines à écrire elles-mêmes leur histoire et à en prendre le contrôle.