La mort d’Alino Faso, influenceur burkinabè incarcéré en Côte d’Ivoire depuis janvier, a provoqué une vive réaction des autorités burkinabè. Dans un communiqué publié le 28 juillet, Ouagadougou parle d’un décès « assimilable à un assassinat crapuleux » et exige l’ouverture immédiate d’une enquête. Une demande officielle de rapatriement du corps a également été adressée à Abidjan.
Le gouvernement burkinabè met en cause une « gestion ténébreuse » de cette affaire. Il conteste la version ivoirienne selon laquelle Alino Faso se serait suicidé, affirmant que les circonstances de sa mort sont « plus que suspectes ». La chargée d’affaires de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Ouagadougou a été convoquée d’urgence pour fournir des explications. Les autorités burkinabè annoncent leur engagement à « suivre le dossier jusqu’à la manifestation totale de la vérité ».
Alain Traoré, plus connu sous le pseudonyme Alino Faso, était un restaurateur et influenceur établi à Abidjan. Arrêté en janvier pour « intelligence avec des agents d’un État étranger » et « complot contre l’autorité de l’État », il n’a jamais été présenté devant un juge. Sa mort, survenue le 24 juillet, n’a été rendue publique que trois jours plus tard, le 27 juillet, par le procureur de la République ivoirien, qui a parlé d’un suicide en détention.
L’affaire intervient dans un contexte de tensions récurrentes entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, notamment autour des enjeux sécuritaires et politiques dans la sous-région. Ce décès, dont les zones d’ombre alimentent les soupçons, pourrait raviver les crispations diplomatiques. En exigeant des comptes, Ouagadougou semble vouloir peser sur la gestion de l’affaire au plus haut niveau.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Burkinabè dénoncent un traitement opaque et brutal infligé à un ressortissant connu, parfois clivant mais largement suivi. Des figures de la société civile, des artistes et des influenceurs réclament des sanctions et appellent à la vérité. Pour beaucoup, la version officielle ivoirienne ne suffit pas. Des manifestations spontanées ont été signalées devant les représentations ivoiriennes.
Au-delà des tensions diplomatiques, cette affaire soulève aussi des questions sur les conditions de détention et les garanties judiciaires en Côte d’Ivoire. Le gouvernement ivoirien pourrait être contraint de s’expliquer davantage, alors que la gestion de certains prisonniers politiques ou sensibles dans le pays fait régulièrement l’objet de critiques, tant au niveau national qu’international.