Depuis 2005, l’Afrique est devenue un terrain d’action privilégié pour au moins sept sociétés militaires privées (SMP) russes, qui ont mené 34 opérations dans seize pays africains. Ces interventions, soulignées par le rapport du Service de recherche du Parlement européen intitulé « Russia in Africa : An atlas », révèlent une stratégie russe multifacette associant présence militaire, influence politique et intérêts économiques.
Au cœur de ces opérations, le groupe Wagner et ses filiales, notamment Sewa Security Services, jouent un rôle prépondérant. Leurs activités ne se limitent pas à une présence militaire ; elles englobent également des campagnes d’influence politique et des relations économiques complexes, particulièrement dans les secteurs extractifs. Cette empreinte élargie démontre l’ambition de la Russie de renforcer sa présence et son influence sur le continent africain.
Le contexte dans lequel s’inscrivent ces opérations est marqué par le déni initial de la Russie concernant ses liens avec le groupe Wagner, une position qui a évolué suite au décès d’Evgueni Prigojine, fondateur de la SMP, en août 2023. La réponse de Moscou au crash, marquée par l’envoi de hauts responsables pour rassurer les alliés africains, ainsi que la création de l’Africa Corps, signalent une volonté de maintenir et d’adapter sa présence militaire en Afrique.
Le renforcement des liens militaires entre la Russie et l’Afrique, matérialisé par la signature de 43 accords de coopération militaire depuis 2015, traduit une stratégie russe de long terme. Ces accords, variés dans leur portée, permettent à la Russie de jouer un rôle majeur dans l’armement du continent, avec 40 % des importations d’armes africaines lui étant attribuées entre 2018 et 2022. L’attractivité des armes russes, due à leur coût abordable et à l’absence de conditions politiques, pose des questions sur l’évolution des équilibres de pouvoir et sur les implications en termes de sécurité et de stabilité régionales.