La Tanzanie sous tension : des avocats dénoncent les clauses controversées du contrat d’exploitation du port de Dar es Salaam avec les Émirats
Un collectif d’avocats tanzaniens a décidé de contester le contrat d’exploitation du port de Dar es Salaam conclu avec le géant émirati DP World. Ce groupe d’avocats a saisi la Haute Cour de justice afin de mettre en lumière les conditions douteuses de cet accord. Leur principale préoccupation est que la Tanzanie se retrouve liée de manière étroite aux Émirats.
Alors que le gouvernement tanzanien soutient que cet accord est informel, les détracteurs affirment qu’il s’agit d’un engagement contraignant. Plusieurs clauses de ce contrat suscitent leur inquiétude, en particulier celle de l’exclusivité. En vertu de cet accord, non seulement le port de Dar es Salaam serait confié à DP World, mais tous les autres ports de la Tanzanie également. De plus, le gouvernement devrait consulter Dubaï avant de faire appel à un autre prestataire. Ces informations sont rapportées par le collectif d’avocats représentant les citoyens tanzaniens, qui expriment leur inquiétude face à la durée indéterminée de cet accord.
Un autre point de friction concerne les modalités de résiliation du contrat. Une clause spécifique empêche le gouvernement tanzanien de mettre fin à cet accord quelles que soient les circonstances. Selon Bob Wangwe, l’un des avocats du collectif, cette situation place la Tanzanie dans une position inconfortable. Il déclare : « Nous allons être exploités. Malheureusement, nous ne savons pas combien de temps cela va durer, parce que les termes du contrat ne nous laissent aucune souplesse. Le gouvernement affirme que l’opérateur actuel du port de Dar es Salaam n’est pas assez efficace, pointant du doigt la durée excessive de déchargement des conteneurs. Cependant, le fait que le gouvernement tanzanien souhaite attribuer nos ressources et notre port à DP World en raison de ces problèmes, qui auraient pu être résolus autrement, est préoccupant. »
Le gouvernement tanzanien met en avant les retombées financières considérables de cet accord, estimées à dix milliards d’euros par an, comparées aux trois milliards actuels. Néanmoins, les opposants souhaitent que le contrat avec DP World soit gelé jusqu’à ce que la Haute Cour de Justice rende sa décision. La première audience est prévue le 20 juillet 2023. Cette affaire soulève des tensions en Tanzanie, mettant en évidence les divergences d’opinions quant à l’impact de cet accord sur le pays et sa souveraineté.