Des nationalistes afro-américains accusés d’avoir travaillé pour la Russie ont été mis en examen par le ministère américain de la Justice. Le fondateur de l’African People’s Socialist Party (APSP) et du Uhuru Movement, Omali Yeshitela, ainsi que trois autres membres du parti, sont soupçonnés d’avoir conspiré contre les intérêts américains en tentant d’influencer plusieurs élections. Ils risquent jusqu’à dix ans de prison. Selon l’accusation, ils auraient collaboré avec les services de renseignement russes, qui leur ont fourni de l’argent et du soutien. Les prévenus savaient que leur contact russe, Alexander Ionov, travaillait pour Moscou et ont notamment tenté d’influencer les élections nationales de 2020.
Les services de renseignement russes auraient utilisé les droits du premier amendement, des libertés que la Russie refuse à ses propres citoyens, pour diviser les Américains et interférer dans les élections aux États-Unis, a déclaré le procureur général adjoint Matthew Olsen de la division de la sécurité nationale du ministère de la Justice. Le FBI a également dénoncé les actions des nationalistes afro-américains et a averti que le gouvernement russe était prêt à tout pour interférer avec les élections, semer la discorde dans le pays et recruter des citoyens américains pour les aider dans leurs efforts. Les États-Unis prennent ces accusations très au sérieux et sont prêts à poursuivre tous ceux qui sèment la discorde et corrompent les élections américaines au service d’intérêts étrangers hostiles.
Le mouvement nationaliste noir, qui est associé aux noms de Malcolm X ou des Black Panther, a pris de l’ampleur aux États-Unis au milieu du XXe siècle, et revendique une logique de confrontation avec les autorités pour défendre les intérêts des Afro-Américains. Fondé en 1972, l’APSP défend “la classe ouvrière africaine” contre “la domination capitaliste et colonialiste américaine”, selon son site internet. M. Yeshitela, son fondateur, s’est rendu en Russie en 2015 pour passer un accord avec le mouvement de M. Ionov, selon l’accusation. En 2016, celui-ci a financé une tournée de manifestations organisées par l’APSP pour soutenir une “pétition sur le crime de génocide contre le peuple africain aux États-Unis”.
Au-delà de l’opération de déstabilisation, les prévenus ont également tenté d’influencer en 2017 et 2019 les élections locales à Saint Petersburg, en Floride, où est basé leur parti. Le groupe Uhuru a présenté une candidate, Eritha Akile Cainion, qui s’est présentée sans succès au conseil municipal de Saint-Pétersbourg en 2019, mais qui n’est pas inculpée dans l’acte d’accusation. Les nationalistes afro-américains sont également soupçonnés d’avoir cherché