Deux filiales kényanes de grandes entreprises mondiales de thé ont perdu leur label “durable” suite à des accusations d’abus sexuels dans leurs plantations. Cette décision a été prise par l’organisme de certification de produits de développement durable, Rainforest Alliance, après une enquête menée sur deux plantations de thé concernées par les allégations d’abus sexuels dans un documentaire de la BBC en février. Les audits ont révélé la présence de non-conformités aux critères sociaux et de management de la Norme d’Agriculture Durable de Rainforest Alliance, conduisant à la suspension de la certification de ces deux filiales. L’une des filiales appartient à James Finlay (Kenya) Limited, tandis que l’autre appartient à ekaterra Tea Kenya PLC, propriétaire notamment de la marque Lipton.
Des enquêtes ont été lancées par les autorités kényanes après la diffusion du documentaire de la BBC, qui enquêtait sur des plantations appartenant à Lipton Teas and Infusion, qui était jusqu’en 2022 une filiale du géant britannique Unilever, ainsi qu’à James Finlay, filiale du conglomérat Swire. Les allégations d’abus sexuels impliquent plus de 70 femmes travaillant dans ces plantations, qui ont déclaré avoir subi des pressions pour consentir à des relations sexuelles en échange de leur emploi ou pour conserver leur travail. Certaines victimes ont été infectées par le VIH, tandis que d’autres sont tombées enceintes. Un responsable est accusé d’avoir violé une jeune fille de 14 ans vivant dans l’une des plantations.
La décision de Rainforest Alliance de retirer la certification durable à ces deux filiales est un coup dur pour les géants du thé, dont l’engagement en faveur du développement durable est de plus en plus important pour les consommateurs. Lipton Teas and Infusions et James Finlay ont déjà annoncé la suspension des responsables mis en cause et la commande d’enquêtes. Unilever a également vendu sa division de thés “ekaterra” à CVC Capital Partners pour un montant de 4,5 milliards d’euros en juillet 2022. James Finlay a annoncé la vente prochaine de ses plantations de thé au Kenya à la société sri-lankaise Browns Investments PLC.
Il est important de souligner que les allégations d’abus sexuels dans les plantations de thé kényanes sont une violation des droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses et que les responsables doivent être tenus responsables de leurs actes. Cette affaire rappelle également l’importance de la diligence raisonnable en matière de droits humains et de la nécessité pour les entreprises de s’assurer que leurs chaînes d’approvisionnement sont exemptes d’abus.