Le président américain Donald Trump a annoncé une nouvelle mesure radicale en matière d’immigration : à partir du 9 juin, les ressortissants de 12 pays ne pourront plus entrer aux États-Unis. Il s’agit de l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la République du Congo, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen. En parallèle, huit autres pays sont visés par des restrictions renforcées : le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan, le Venezuela, ainsi qu’un huitième pays ajouté selon une mise à jour de la Maison Blanche.
Cette décision intervient après une attaque perpétrée à Boulder (Colorado), lors d’une marche de soutien aux otages israéliens détenus à Gaza. L’assaillant, un homme de 45 ans ayant crié « Palestine libre », a blessé douze personnes avec des engins incendiaires. Pour Trump, cet acte « met en évidence les dangers extrêmes » posés par des ressortissants étrangers mal contrôlés. Pourtant, le suspect est d’origine égyptienne, pays qui n’apparaît pas sur la liste. Cette incohérence alimente les critiques sur le caractère arbitraire de la mesure.
Ce nouveau décret rappelle le tristement célèbre « Muslim Ban » de 2017, qui avait semé le chaos dans les aéroports avant d’être partiellement validé par la Cour suprême. Déjà à l’époque, Donald Trump s’appuyait sur des justifications sécuritaires floues pour restreindre l’accès à des pays majoritairement musulmans ou africains. La nouvelle liste, elle, mélange des États en conflit, à gouvernance fragile ou accusés de ne pas coopérer avec les autorités américaines sur le contrôle migratoire. L’administration cite notamment le non-respect des délais de visa, le manque de fiabilité des documents d’identité et le soutien présumé au terrorisme.
À cinq mois de l’élection présidentielle, ce « travel ban 2.0 » apparaît comme un signal fort envoyé à l’électorat conservateur, friand de mesures anti-immigration. Trump l’assume : « Nous ne pouvons pas avoir une immigration ouverte depuis des pays que nous ne pouvons pas filtrer de manière fiable. » Les démocrates, eux, dénoncent une politique « inefficace et cruelle », qui isole davantage les États-Unis sur la scène mondiale.
Des dérogations sont prévues : les détenteurs de certains visas, les personnes « servant les intérêts nationaux » américains, ainsi que les sportifs participant aux Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles ou à la Coupe du monde 2026 ne sont pas concernés. Mais pour des milliers de familles séparées par ces décisions, les conséquences sont bien réelles. Le Venezuela, l’un des pays visés, a d’ailleurs émis une alerte recommandant à ses citoyens d’éviter les États-Unis. De son côté, le National Iranian American Council estime que cette politique « ne renforcera pas la sécurité », mais « infligera des souffrances inutiles à des familles entières ».
Enfin, le profil de l’assaillant de Boulder, présenté par l’administration comme un clandestin ayant demandé l’asile après expiration de son visa, soulève une question de fond : la faille est-elle vraiment liée à la nationalité ou à l’incapacité du système américain à suivre ses propres procédures migratoires ? En ciblant certains pays et en en épargnant d’autres, cette politique pourrait renforcer le sentiment d’injustice et attiser des tensions plutôt que de les apaiser.